L'histoire :
Déambulant à travers la ville en trench-coat, le visage dissimulé par un chapeau et des petites lunettes rondes, un inquiétant inconnu nous narre quelques récits épouvantables.
Tout d’abord l’histoire de cette baby-sitter tranquillement installée auprès d’un feu de cheminée, en train de réviser. Soudain, un coup de fil : « Êtes-vous allé voir les enfants ? » Persuadé d’une mauvaise blague, elle raccroche. Mais le téléphone recommence : « Êtes-vous allé voir les enfants ? » Plusieurs fois. Elle appelle la police et se décide finalement à appuyer la touche « rappeler le dernier numéro ». Un frisson lui parcourt le dos lorsqu’elle entend une sonnerie de téléphone portable dans le vestibule…
Ou encore l’histoire de cette adolescente à qui l’on avait offert un bon gros toutou pour l’empêcher de faire des cauchemars. Une nuit qu’elle est seule avec son chien, l’animal la réveille en lui léchant la main. Un clapotis se fait entendre dans la salle de bain. Elle se lève, parcourt le couloir sombre. Elle pense alors à un robinet mal fermé. Et elle découvre son chien pendu par les pattes-arrières, éventré, déversant son sang sur le sol. Mais qui donc lui a léché la main... ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme le précise le sociologue Jean-Bruno Renard dans sa postface, on appelle Légendes urbaines des rumeurs épouvantables de pseudo faits divers contemporains relatés comme étant véridiques. Dans l’inconscient collectif, elles servent d’exutoire à nos angoisses modernes, mais leur principe existe depuis toujours : les serial-killer ont simplement remplacé les ogres. Ici, Rémi Guérin, pour qui c’est le premier album, s’est associé au scénariste Eric Corbeyran, pour qui c’est tout l’inverse . Ensemble, ils mettent en scène dans un (premier ?) recueil 4 de ces fameuses « légendes », toutes dessinées dans un style réaliste idoine, élégant et relativement régulier, par 4 artistes différents. Richard Guérineau débute avec la baby-sitter du résumé. Sébastien Damour poursuit avec l’histoire d’une jeune femme terrorisée, qui se réfugie dans sa salle de bain en raison des grattements et des râles inquiétants à la porte de son appartement. Puis Alain Henriet illustre l’histoire du chien éviscéré. Enfin, Gilles Formosa conclue avec le récit du gang des phares, qui recrute ses membres en les obligeant à rouler tous feux éteints jusqu’à ce qu’une voiture leur fasse des appels de phare, déclenchant dès lors un harcèlement fatal. Certes, ces séquences accumulent un peu les poncifs des films d’épouvante. Il faut néanmoins leur reconnaître qu’il y a tout de même (un petit peu) de quoi frissonner. Par exemple, après cette lecture, ferez-vous encore des appels de phares… ?