L'histoire :
Durant la belle époque, Blanche et sa sœur Agathe sont domestiques chez une riche bourgeoise, chez qui elles logent dans le grenier. Mais un soir, Blanche assiste à l’assassinat de sa sœur, à travers une brèche du mur donnant sur l’immeuble voisin. Le temps de courir chez les gendarmes et le meurtre a été maquillé en suicide. Blanche décide dès lors de mener son enquête et de faire la vérité sur ce crime, qu’elle sait relié à l’affaire du « boucher des guinguettes ». En effet, des jeunes femmes sont régulièrement retrouvées découpées en petits morceaux sur les rives de la Marne, dépecées par ce qui semble être un tueur en série. Les investigations l’amènent à se faire embaucher au Pompadour, un bordel parisien de luxe, où elle incarne pour certains clients fantaisistes, le rôle de la gouvernante intouchable et fouetteuse : la « Miss pas touche ». Une véritable aubaine pour elle, qui est… encore vierge ! Elle y subit la cruelle rivalité des autres filles et se lie d’amitié avec le travesti Miss Jo. Elle partage alors une chambre avec une autre fille « spéciale », la douce Annette, dont les pratiques masochistes dépassent l’entendement. Blanche pense alors avoir trouvé un coupable en la personne du « rouquin », un vicieux homme de main de « Monsieur », le compagnon de la mère maquerelle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Hubert, le plus scénariste des coloristes (ou l’inverse), parachève ici un excellent diptyque en compagnie de l’auteur bicéphale Kerascoët (pseudonyme regroupant les dessinateurs Marie Pommepuy et Sébastien Cosset). Le dessin de « ce dernier » s’inscrit dans la droite ligne de la collection Poisson pilote, c'est-à-dire moderne, simple et enlevé. La maîtrise du découpage séquentiel qui est ici réalisé se déduit de l’extrême lisibilité de l’œuvre, un véritable exemple pour faire apprécier la BD dite moderne aux amateurs de formes plus classiques. Mais pour que ce soit réussi, il faut avant tout une bonne histoire ! L’enquête policière se double ici d’une habile chronique sociale, dans le Paris fripon de la belle époque. Si côté friponnerie, Hubert n’hésite pas à aller au bout des mœurs les plus scabreux, il le fait sans complaisance aucune, avec juste ce qu’il faut pour nourrir un récit absolument palpitant. Evidemment, fausses pistes et rebondissements jonchent l’intrigue, tantôt avec une légèreté bienvenue, tantôt avec une tension digne des thrillers les plus effrayants. D’ailleurs, le titre de ce second volet annonce clairement la couleur : rouge ! Si la jeune héroïne reste « techniquement » vierge au terme de cette aventure éprouvante et d’une conclusion implacable, elle n’en sort pas indemne pour autant. Un diptyque très enthousiasmant, vivement recommandé !