L'histoire :
Ayant rejoint le Pompadour, un claque en vogue dans le Paris des années 30, pour y élucider le meurtre de sa sœur, Blanche ne peut plus se dépêtrer de sa mère maquerelle et du « patron ». Seule l’arrivée dans sa vie du bel et riche Antoine, qui se contente de la combler de cadeaux et de lui promettre épousailles, éclaire sa vie. Mais son bonheur est de courte durée : la réapparition « fortuite » de sa mère, puis la jalousie croissante de ses co-pensionnaires et enfin la disparition de son amoureux, assombrissent rapidement ce ciel dégagé. Pire : lors d’une fête au Pompadour, elle perd conscience et se retrouve à demi-nue en plein Paris. N’ayant pas le moindre souvenir de ce qui a pu lui arriver, elle retourne sur son lieu de travail pour apprendre par Miss Jo, sa seule amie, que le patron cherche à lui mettre le grappin dessus : lors de la petite sauterie, Blanche en plein délire lui a fracassé le crane, alors qu’il tentait de la faire revenir à la raison. Notre amoureuse prend rapidement la tangente pour éviter de se retrouver entre les pattes du bonhomme, puis enquête pour découvrir ce qui est arrivé à Antoine. Ainsi, elle pense pouvoir glaner des informations auprès des quelques amis que le jeune homme lui avait présentés. Et si effectivement, elle apprend que la famille possède une propriété à la campagne où il s’est peut-être réfugié, il s’en faut de peu qu’elle passe à la casserole : un blondinet surexcité croit pouvoir s’offrir sa virginité pour quelques billets. La surprise est encore plus forte lorsqu’à Vexin, elle retrouve enfin son prince charmant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pute et vierge, naïve et violente, fragile et dure à la fois… Blanche absorbe à elle seule la fresque sociale concoctée par ses subtils créateurs, faite de noir et de rose-bonbon. Le trio ne l’épargne pas et s’amuse à lui tordre le cœur au gré des péripéties qu’ils lui glissent entre les pattes. Gageons que ces aventures l’endurcissent ou plus simplement lui apprennent à grandir sans jamais lui faire de rides au front ; en lui laissant écarquiller ses grands yeux bruns. Au terme de ce 4e volet, les compères-auteurs bouclent un second diptyque tout aussi captivant. Le scénario fait peut-être l’économie d’une intrigue à surprises ; mais il réussit à manier à nouveau, avec talent, le chaud et le froid. La peinture de cette société aux mœurs corsetées par l’hypocrisie laisse peu de place aux rêves des candides midinettes, aux princes charmants ou aux changements de castes. Vraisemblablement lasse d’en prendre des kilos plein la tête, notre Miss ne fera ni cadeau, ni concession, tout en gardant cette incroyable douceur juvénile qui fait espérer. La galerie de seconds rôles qui l’accompagnent dans ce périple est savoureuse et rugueuse à souhait : du travesti Miss Jo qui vit une impossible romance, aux génitrices pourries jusqu’à l’os, en passant par les maquereaux, les collègues du Pompadour ou les clients, notre petite à franchement besoin de reins solides et d’un fouet claquant pour se défouler… Le dessin du bicéphale Kerascoët continue de nous ravir : vif, simple, moderne et doux, il est à l’image de l’héroïne : charmeur et séduisant.