L'histoire :
C’est décidé, Blanche met les bouts. Adieu lupanar, histoires sordides et infâmes clients. Bonjour vie calme et rangée… Endurcie à ce genre d’utopie, la mère maquerelle veille et refuse de laisser filer un si bon « produit ». Les quelques clichés sulfureux que produit la miss ne sont pas de taille à lutter face à ce qui lui est promis : une maison d’abattage. La visite que lui organise son souteneur la convainc définitivement de poursuivre sa carrière au Pompadour. Elle reprend cravache et bas résilles à contrecœur… Mais un soir, tout droit débarqué d’un conte de Perrault, le bel Antoine la choisit. Le riche héritier se contente alors d’une discussion courtoise avec celle qu’on ne touche pas. De charleston endiablé, en balade fluviale, Blanche devient la compagne (rémunérée) des journées du jeune blondinet. Il présente même la jeune femme à sa mère qui, d’abord ravie, grimace en apprenant qui elle est. Qu’importe : Antoine s’affiche ouvertement avec son amie. Dîners dans les meilleurs établissements, shopping chez les grands couturiers, gros diamant… Rien ne semble vouloir arrêter la folie dépensière du bourgeois. Pire, il exprime le désir de l’épouser… Blanche, elle, vogue au gré des événements, semblant ignorer les manigances de ses jalouses co-pensionnaires et ne s’étonnant guère du retour « fortuit » de sa mère ou du petit jeu tout en provocations de son « amoureux »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Repue par le précédent diptyque, c’est avec surprise et délectation que la confrérie des bédéphiles a vibré dés l’annonce par les auteurs d’une suite aux aventures de la plus attachante des fouetteuses de la BD. Forts du succès de leur petite héroïne, Hubert, Marie Pommepuy et Sébastien Cosset (les deux derniers regroupés sous le patronyme Kerascoët) récidivent, arguant du potentiel des personnages et de l’univers riche qui étaient nés sous leur pinceau. La contrainte qu’ils se sont imposé en bouclant une intrigue sur 2 tomes, indépendante des précédents, ravie le compte en banque et l’impatience des plus fébriles. Dans ce Prince charmant, la formule magique garde toute son efficacité : un dessin accrocheur et moderne, un scénario linéaire qui part brutalement en circonvolutions jouissives. Le trait a en effet de quoi ravir : enlevé et dynamique, si simplement enfantin, adoucissant au besoin la noirceur du récit. Car c’est ici que tient la réussite de l’association : nous balader au fil des planches entre situations sordides et violentes, drôlerie et naïve douceur, sans jamais tomber dans l’abus. On garde, alors, la même candeur que la captivante petite bonne femme. Le scénario, s’il démarre un peu au diesel, comme tout album de mise en place, réserve un final peu ordinaire, qui surprend (plus un p’tit cliffhanger évidemment !). Hubert tient son affaire. Nul doute que son prochain Jusqu’à ce que la mort nous sépare nous réserve un chouette moment et réponde à la question : « Z’y va… Il la touche au moins le Prince Charmant ?! »