L'histoire :
Dans le Paris des années 30, Agathe et Blanche sont deux sœurs, bonnes à tout faire dans une maison bourgeoise. Plus délurée que sa sœur, Agathe aime sortir avec son amie Eugénie, pour guincher jusqu’au bout de la nuit dans les musettes à la mode. Pourtant, les journaux relaient chaque jour les crimes d’un tueur psychopathe sévissant dans la capitale, le « boucher des guinguettes », notamment dans le milieu des prostituées. Cela n’entame pas le moral d’Agathe qui poursuit ses virées nocturnes. Une nuit pourtant, alors qu’Agathe est sortie avec Eugénie, Blanche assiste à un meurtre par la fissure du grenier où elle est hébergée, qui donne sur l’immeuble mitoyen. A travers la discussion des deux hommes en présence, elle comprend qu’il s’agit du boucher des guinguettes ! Elle en parle à sa sœur sitôt rentrée. Agathe jette un œil par la fissure et… prend une balle de révolver dans le crane ! Tétanisée, Blanche réveille la maisonnée, mais lorsque la police débarque, le meurtre a été déguisé en suicide. Evidemment remerciée le lendemain par sa patronne, elle décide de mener sa propre enquête. Pour cela, elle parvient à se faire embaucher au Pompadour, un bordel de luxe, avec une spécialité qui lui assure de garder sa virginité : déguisée en bonne, elle ne s’occupe que des clients qui aiment être fouettés à coups de cravache par une dominatrice intouchable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine coloriste de nombreuses séries, Hubert avait déjà révélé ses talents de scénariste, notamment à travers la série le Legs de l’alchimiste. Il récidive à présent, sur la même tonalité moderne et franche mais non dénuée d’humour et de fantaisie. Moderne, rapide, mais diablement maîtrisé question mise en scène et rythmique, le dessin est assuré par Kerascoët, un pseudo qui cache un couple d’auteurs (Marie et Sébastien), sur la même ligne graphique que bien des séries de la collection Poisson pilote (Isaac le pirate…).Tout part d’un coup de théâtre : le personnage que l’on suit se fait flinguer au premier quart de l’album et sa sœur prend le relais en enquêtant, allant jusqu’à entrer au bordel pour assouvir son objectif. Car le principal ressort de l’histoire s’articule autour de la virginité de Blanche (la bien nommée !) qu’elle ne veut absolument pas perdre (d’où Miss pas touche), ce qui est franchement paradoxal lorsqu’on bosse en tant que prostituée dans une maison close. Mais Hubert sait ne pas en faire de trop sur le sujet et articule une enquête fort prometteuse, qui verra son aboutissement au prochain épisode. Par ailleurs, le scénariste brosse une jolie chronique sociale de la Belle époque, nous livrant sa vision d’une petite communauté dans une maison de joie. Bien entendu, eut égard aux activités s’y déroulant, et même si les auteurs évitent les scènes complaisantes et gratuites, l’œuvre est à réserver à un public adulte.