L'histoire :
Michel et Ernest ont réintégré le groupe de chasse des Cigognes. A peine le temps d'être chaleureusement reçus par leurs camarades pilotes, et ils reprennent du service. Tanguy et Lopez sont de PO (Permance Opérationnelle). Huit Mirages 2000 et Rafales prêts à décoller 24h/24h pour assurer la défense du territoire français. Ils sont répartis deux par deux dans différentes bases, détachés, le temps de la permanence, de leurs escadrons et placés directement sous les ordres CDOA (Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes). Tanguy a pris une tonne de lecture, c'est un rituel à chaque fois qu'il est à la PO, mais Lopez lui dit qu'il n'est pas sûr qu'il puisse finir sa pile de bouquins, les Russes sont pris d'une frénésie touristique pour la mer du Nord, la Manche et le Golfe de Cascogne ! Mais la conversation anodine est interrompue par l'alerte, au moment où Lopez avale une aspirine. Un petit mal de tête, rien de méchant et moins de sept minute après, les deux 2000 mettent le cap vers deux Tupolev T-U160. Deux Blackjack, capables de voler à Mach 2 mais qui évoluent tout tranquillement... Une demie-heure après, 100 kms au large des côtes françaises, au moment où deux Rafale de la Marine de Lorient viennent prendre le relais, Lopez coupe brutalement la route des deux bombardiers nucléaires russes. En quelques secondes, il devient comme fou, engage un piqué et mitraille des véhicules sur l'autoroute en criant qu'il s'agit d'un convoi de rebelles ! Tanguy le somme de remettre le cap sur la base, sous peine de devoir l'abattre, c'est alors que son compatriote fait une ressource et engage un dogfight !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce récit écrit à quatre mains, Patrice Buendia et Frédéric Zumbiehl concilient classique et moderne. À l'origine, Tanguy et Laverdure, ce sont des histoires de pilotes, mais surtout des histoires d'hommes, nées de l'imagination fertile de Jean-Michel Charlier et Albert Uderzo. Alors les auteurs nous concoctent une aventure dans laquelle nos pilotes vont devenir de véritables inspecteurs. Une enquête qui évolue, rebondit et se heurte aux mystères et aux secrets, à la façon des grands classiques belges (il y a même un très beau clin d’œil à La Marque Jaune). Quant à la modernité, elle provient de cette enquête qui soulève la question de la manipulation mentale, des armes neuro-implantées ou des nanites, celle du super-soldat et des expériences terrifiantes que des consortiums ou des gouvernements sont prêts à mener, pour avoir un temps d'avance sur la guerre de l'armement. En utilisant le pivot de pilotes manipulés, le tandem de scénaristes commence très fort, puisque Tanguy shoote un collègue pilote. Et pour honorer sa mémoire, il ne se range pas du côté de la thèse officielle, celle d'un coup de folie, peut-être une radicalisation. Tanguy et Laverdure vont mettre alors les pieds dans le plat, avec leur enquête parallèle à celle des officiels et on ne vous en dira pas plus, sauf que ça bouge tout le temps. Sébastien Philippe assure le spectacle, son trait fin et dynamique est remarquablement servi par les couleurs éclatantes de Véronique Gourdin. Bien sûr, les scènes aériennes sont de toute beauté, mais se serait réduire les qualités de l'album que de ne parler que d'elles. La preuve : l'enquête se poursuit, rendez-vous au volume suivant, au moment où nos deux héros sont en grave danger !