L'histoire :
Alors que le cargo de Yann Calec longe les côtes de l’Afrique, il doit faire face à une violente tempête, qui n’a pas l’air d’inquiéter son seul passager à bord. En revanche, sa femme est inquiète pour leur fille. Mais le commandant s’en sort, juste quelques caisses renversées. Or au milieu des conserves de fruits se cachent des armes. Son équipage n’est au courant de rien, et les soupçons de Calec se portent sur son passager, Vermaak. Le commandant décide alors de cacher les armes pour les négocier avec les trafiquants. Le cuistot drogue le passager pour qu’il soit malade puis qu’il dorme. Et les marins déchargent les armes sur une île connue de Sabord, désormais capitaine fidèle de Calec. Arrivés à Djibouti, Rosanna, furieuse que Yann les ait mises en danger, prépare son départ et celui de leur fille, Inès. Les marins déchargent comme si de rien n’était, et attendent la réaction des contrebandiers. Elle ne tarde pas à arriver, mais pas de la manière à laquelle le commandant s’attendait…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cela faisait cinq ans que les fans de la série attendaient la suite des aventures du commandant Calec… A la suite des soucis de santé de Patrick Jusseaume, ce onzième tome a d’abord été repoussé. Puis finalement, le dessinateur a laissé sa place, épuisé, après 30 planches. Il en résulte un album bizarre, mais qui se tient finalement plutôt bien, malgré le passage du scénariste de la série, Jean-Charles Kraehn, aux pinceaux. Deux parties, donc. L’une avec le trait semi-réaliste et les couleurs douces de Jusseaume ; l’autre plus lisse, de Kraehn, avec des couleurs plus vives de son épouse Patricia Jambers. A l’arrivée, ça choque le lecteur pendant une page, et ensuite la science du scénario de Kraehn et le découpage travaillé avec son complice font qu’on oublie tout pour se replonger dans l’aventure. Et elle n’est pas belle, cette aventure, parce que Yann Calec accumule les erreurs de jugement. Il est aussi approximatif dans les relations humaines que précis à la barre… Il pense pouvoir doubler des trafiquants et se fait surprendre. Il veut aussi s’opposer à un trafic d’humains (avec des clins d’œil au génialissime Coke en Stock d’Hergé), mais dans les deux cas, il ne maîtrise rien et met sa famille en danger, ce que sa compagne ne supporte pas (à juste titre). Rosanna a autant de principes que lui, mais elle tient à sa fille par-dessus tout, et la beauté du geste chère à Calec vaut surtout si on est seul face à la mitraille… Les histoires s’imbriquent avec bonheur et le lecteur prend un grand plaisir à suivre les aventures de cet homme qui veut bien faire, mais qui n’a pas les bonnes cartes en main. A la fin, Tramp n’a plus le charme doux et légèrement suranné de ses jeunes années avec Jusseaume, mais son virage plus moderne, plus coloré, ne lui réussit pas si mal. Alors, stop ou encore ?