L'histoire :
A travers l’Indochine en guerre, le commandant de marine marchande Yann Calec s’est lancé dans des investigations parallèles. D’une part, il enquête sur la destinée du fils de son voisin, un légionnaire qui n’a plus donné de nouvelles depuis trop longtemps. D’autre part, il s’est lancé sur la piste de son père défunt, pour mieux le comprendre et comprendre les circonstances de sa mort. D’indices en indices, il évolue en marge d’un conflit franchement nauséabond, et parvient jusqu’à la plantation de caoutchouc d’Arnaud de Frontessac. Là, après avoir effectué une visite de courtoisie en compagnie du propriétaire des lieux, il a la surprise d’être présenté à HaTu, la dernière compagne de son père. Celle qu’il recherche depuis des semaines est devenue l’épouse de Frontesac et elle présente à Yann son tout jeune fils, Yves – son demi-frère, donc ! Elle lui raconte ensuite les dernières semaines de son père et lève le voile sur le mystère de sa mort. Il est question du fabuleux trésor d’un exploitant chinois, propriétaire d’une mine d’étain… qui rapportait plus que de l’étain. Lors de l’évacuation de Cao Bang, en octobre 1950, ce dernier avait caché un véritable magot de pépites d’or, derrière une chute d’eau, en pleine jungle. Deux soldats témoins discrets de la chose, avaient ensuite tué le chinois… et vendu la mèche aux frères ripoux Durand… qui eux-mêmes avaient requis les services de Pierre-Yves pour monter une expédition. Hélas, la retranscription de ces évènements est justement interrompue par l’arrivée inopinée et malveillante des frères Durand…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce tome 9 se referme le « cycle asiatique » de Tramp, une belle série d’aventures historiques réalistes (initialement maritimes). Ici, les doubles investigations du héros sont surtout l’occasion pour le scénariste Jean-Charles Krahn d’aborder de manière didactique la guerre d’Indochine sous différents angles. Justement né à cette époque, Kraehn a fait un gros travail préalable de documentation, pour établir un châssis politique et historique très précis. Celui-ci est diversement utilisé par le dessinateur Patrick Jusseaume pour accorder beaucoup de vraisemblance à l’histoire romancée. L’artiste, peut-être juste un chouya moins en forme que sur les précédents volets, gère néanmoins idéalement les ambiances et les séquences, pour un rythme de lecture très agréable. Car les ingrédients inhérents au récit d’aventures ne sont pas en reste pour autant : outre l’énigme de la mort du père et la recherche du fils légionnaire disparu du voisin, on saute sur des mines, on frémit lors d’un voyage en avion plus que périlleux, on se lance dans une chasse au trésor, on traverse une jungle recelant mille dangers, on se frotte à deux purs salopards et on a la nausée lors d’une scène de torture… Et entre temps, Kraehn en a même profité pour aborder de nobles thématiques sur la quête de soi, le déterminisme et l’éthique de guerre. Chapeau ! Vivement le prochain cycle ?