L'histoire :
A bord de son bateau au milieu de l'océan indien, Calec aperçoit la forme floue d'un navire au loin qui semble dériver, voire même sur le point de sombrer. Il décide de s'en approcher, aperçoit à la jumelle un homme mort, accroché à un mat. A bord d'un petit canot et après avoir confié les commandes à son capitaine, il parvient au pied de la coque et de l'échelle de pilote encore déployée, et monte seul à bord de ce qui va s'avérer un cimetière à ciel ouvert. Visiblement un massacre a eu lieu, pour des raisons inconnues. Aucun document ne subsiste de la cargaison qui a été pillée. Calec a juste le temps d'emporter un perroquet dans sa cage avant de quitter le navire qui sombre définitivement. La capitaine a pu voir le nom du bateau, il s'agit du Kanak, qui appartient à la compagnie des Chargeurs et Affréteurs réunis, l'ancien employeur de son commandant. Lorsqu'il est de retour à Rouen, Calec devrait oublier cette expérience, désormais entre les mains des autorités. D'autant que sa femme a décidé de mettre fin à leur vie de couple, elle ne supporte plus l'inquiétude liée à ses absences trop longues, aux dangers qu'il croise sans cesse. Leur petite fille ignore tout de ce qui se trame, et lorsque son père la prend dans ses bras, il réalise qu'il pourrait tout perdre s'il refuse de devenir sédentaire. Mais à sa grande surprise, son ancien patron des Chargeurs et Affréteurs vient à sa rencontre et lui propose un contrat qu'il ne peut pas refuser.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce nouveau dessinateur et une aventure qui débute au grand large, Tramp semble reparti de plus belle. La série phare de Jean Charles Kraehn a tout pour trouver un nouvel équilibre. Avec son style réaliste italien influencé des grands noms de la BD américaine, Roberto Zaghi n'a certes pas l'élégance unique du regretté Patrick Jusseaume, mais une vraie finesse dans les attitudes des personnages, une grande précision dans les expressions qui rend son travail très agréable à regarder. Cette nouvelle aventure sera à suivre, et Kraehn nous a mâtiné une surprise en cours de route qui montre que lui aussi est en forme ! Calec est toujours un vrai héros masculin comme le scénariste les aime, mais sa vie familiale apporte une touche de vulnérabilité qui rend ses difficultés de plus en plus attachantes. Comme dans presque chaque album, on aperçoit la ville de Rouen, ses immeubles et le bord de Seine. Kraehn évoque les boucles du fleuve que les navires descendent à faible vitesse avant d'arriver en mer. On sent la passion de l'auteur pour ses personnages et les lieux où ils vivent, une touche personnelle qui rend cette série unique dans son parcours plutôt riche. Il n'y a pas de raison pour que Tramp ne figure pas dans les classiques de la BD franco-belge, c'est une série construite avec sérieux où souffle le vent de la grande aventure, et dont les premiers albums n'ont absolument pas vieilli. Ajoutez à cela un peu de vocabulaire marin qui dépayse carrément, et vous avez de quoi passer un bon moment de lecture.
