L'histoire :
En 1952, Yann Calec est installé à Rouen avec sa femme Rosanna et sa petite fille Inès. Alors qu’il espère avoir le commandement du tramp « Le Ouessant », son patron lui propose de partir en Indochine où la guerre fait rage ! Le danger a beau être limité en mer de Chine et le salaire très confortable, Yann a du mal à étouffer ses scrupules et à participer à une guerre coloniale dissimulée en guerre contre le communisme. Mais deux autres raisons l’incitent à accepter le poste. Tout d’abord il y a le souvenir de son père, décédé là-bas dans de mystérieuses circonstances. Puis Yann a fait une promesse à un voisin, désespéré de ne plus avoir de nouvelles de son fils, qu’il a pourtant reconnu en couverture d’un Paris-Match traitant de la guerre d’Indochine. Persuadé que ce dernier s’est enrôlé dans la légion étrangère sous un autre nom, Yann espère pouvoir le retrouver. Une fois sur place, Yann est accueilli à bord du Thabor, son nouveau navire, par le futur ex-commandant. Ce dernier lui expose alors le fonctionnement des nombreux trafics d’armes et de marchandises dans lesquels il doit tremper si il veut rester en vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La trame de ce début de cycle est à l’image de la couverture, sur laquelle Yann apparaît bien songeur. En effet, ce nouvel épisode plante le décor et l’intrigue du thriller maritime à venir, en n’accordant que peu de place à l’action (une seule et brève courte poursuite à l’avant-dernière planche). En revanche, Jean-Charles Kraehn réussit superbement à nous plonger dans l’ambiance et les us et coutumes de l’Indochine des années 50, comme s’il relatait une expérience réellement vécue. Poids du passé, cas de conscience face à une situation qui lui demande de bafouer ses principes… Pour le moment, le héros partage avec les lecteurs une formidable aventure intérieure. Le scénario de Kraehn s’appuie donc sur un important travail d’ambiance, comme toujours superbement relayé par la mise en images de Patrick Jusseaume. Ce dernier livre une nouvelle fois un dessin précis et parfaitement documenté, doublé d’une colorisation d’une grande élégance. Le binôme fructueux poursuit donc sa série avec brio.