L'histoire :
Le baroudeur quinqua Wayne Shelton reçoit un appel de son amie Honesty, au sortir d’un check-up de santé en demi-teinte (son médecin lui conseille de surveiller son cœur). Celle-ci l’invite à se rendre au plus vite à Bruxelles et lui fait miroiter 2 millions de dollars. Or le compte en banque de Shelton ne peut se passer d’un tel renflouement. A l’aéroport, Shelton est curieusement accueilli par le premier conseiller à l’ambassade du Würtenheim, un petit paradis fiscal des Balkans. Le mystère de sa convocation perdure jusqu’à une suite de l’hôtel Métropole, où l’attend Honesty. Là, en compagnie du premier ministre du Würtenheim, Shelton a la surprise de découvrir qu’Honesty est le sosie parfait de la grande duchesse Aliana, à la tête de ce micro-état, dont la ressource principale tient dans un vaste gisement de platine ! Or, des menaces de mort pèsent sur cette héritière, qui a d’ailleurs perdu ses parents dans un curieux accident d’avion. Le conte Manfred Schellenberg, héritier légitime de la duchesse si celle-ci venait à disparaître, est présenté comme cupide et sans scrupule. Or, la duchesse doit rester quelques jours en Belgique, le temps de plaider le maintient d’une fiscalité particulière pour son état devant la commission européenne. Honesty est partante pour servir de doublure publique, contre 2 millions d’euros. Il est alors demandé à Shelton de protéger la duchesse, le temps du protocole de visite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au terme d’un diptyque particulièrement nul (avec des néonazis grandguignolesques), Wayne Shelton avait bien besoin du retour du grand Van Hamme au scénario de cette série qu’il a lui-même créé en 2002. Pour fêter ce come-back, Christian Denayer se surpasse au dessin. La griffe réaliste et maîtrisée de ce vétéran du 9e art est impeccable pour mettre en scène de manière limpide et pétillante cette intrigue en one-shot, riche en actions et en rebondissements. Les décors sont variés et chiadés – à travers la capitale belge, les montagnes et les chalets de l’état imaginaire du Würtenheim ou les vieilles pierres de la forteresse finale – ce qui n’empêche pas le dessinateur de disséminer quelques clins d’œil bienvenus (le bourgmestre de Bruxelles mange des moules chez Léon et Van Hamme tient le rôle d’un journaliste à la fin). Comme il le fait remarquer lui-même dans une réplique, Wayne Shelton se la joue Sceptre d’Ottokar dans ce 9e épisode. La duchesse d’un paradis fiscal est menacée ; Honesty joue les doublures ; recruté en tant que bodyguard, Shelton déjoue le complot, au prix de bastons et de cascades qui ne sont plus de son âge. L’intrique se montre infiniment plus solide et moins cabotine que les précédents volets de Thierry Cailleteaux. Le ton reste tout de même celui de l’aventure grand public consensuelle, avec des séquences obligées parfois un peu bizarres (l’engueulade sous la pluie ne semble pas avoir d’autre fonction que de mouiller le chemisier de la duchesse…). Evidemment, à l’instar du James Bond dont il s’inspire, Shelton couche la riche héritière dans son lit, puis règle son problème d’abdication et d’héritage au terme d’un duel à l’épée sur les créneaux d’une forteresse, dans un bon vieux cliché à l’ancienne. Rien de transcendantal, donc, mais pas de quoi bouder son plaisir non plus. Le 9e opus de cette série grand public, qui semble alterner diptyques et one-shots, se suit avec rythme, cohérence, bref tous les ingrédients d’une recette mainte fois éprouvée… et efficace.