L'histoire :
Rangé dans une vie normale, l’agent XIII, de son vrai nom Jason Mac Lane, s’est installé à Bar Harbor, dans la maisonnette du littoral où les Smith l’ont jadis trouvé à moitié mort (cf. tome 1). De là, il joue encore parfois les héros, notamment en sauvant la vie à deux pêcheurs qui viennent d’avoir un accident de voiture. Surtout, il suit une thérapie pour tenter de recouvrer sa mémoire. A bout d’idées, sa psychiatre l’envoie chez un confrère pour tenter une méthode expérimentale d’impulsions neuronales. Dès la première séance, c’est un succès : XIII revoit enfin son père adoptif (Jonathan Fly) et un copain appelé Jim Drake, marqué par une tâche de vin au milieu du visage. XIII a donc désormais une piste, rapidement exploitée sur Facebook® : Jim Drake habite Plymouth. XIII l‘appelle donc et lui donne rendez-vous chez lui, dès le lendemain. Mais un mystérieux couple de tueurs a mis XIII sur écoute et se pointe chez Drake bien avant. Ils lui tordent le cou et simulent une chute de son toit. XIII arrive tout juste auprès de Drake pour entendre ses derniers mots. Drake avoue avoir fait des recherches sur lui et suppute qu’on a voulu le tuer pour éviter qu’il parle. Dans une grande confusion générée par l’imminence de son trépas, il lui parle des conjurés de la fleur de mai, du manuscrit de Duncan, d’un cahier rouge… et meurt. XIII rempile donc dans des investigations musclées !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ah les sacripants. Ils nous l’avaient juré-craché à la sortie des tomes 18 et 19 : ces deux albums là seraient bien les derniers de la série ! Ils terminaient tout, révélaient tout et il était temps, car les auteurs avouaient, eux aussi, avoir tout donné sur leur cultissîme XIII. Tout… ou presque. En effet, le plus célèbre amnésique du 9ème art n’a toujours pas recouvré la mémoire de sa jeunesse. On lui a certes appris qui il était, mais il lui faut encore se réapproprier sa vie. Or, étant donné le carton commercial suscité par chaque épisode, on comprend que l’éditeur veuille jouer les prolongations. Le duo d’auteurs à qui échoit cette reprise est cohérent : le scénariste Yves Sente a déjà hérité de Jean Van Hamme sur Thorgal et Blake Mortimer ; quant à Youri Jigounov, son dessin réaliste fait déjà des merveilles sur la série d’espionnage Alpha, assez proche de celui de XIII. Le « retraité » William Vance intervient juste en guest-star pour la couverture, ainsi que sur un flashback historique de 4 planches en fin d’album. Sur ce plan visuel, il faudrait vraiment être difficile pour être déçu. Le character-design de Jigounov est fidèle à celui de Vance et l’environnement réaliste idéalement abouti, détaillé et cadré. En revanche, le scénario, les dialogues et les rebondissements semblent bien plus artificiels. Le flic teigneux est un insupportable cliché ; le biais médical pour aider XIII à recouvrer sa mémoire est « énhaurme » (et si pratique dans sa progression) ; le copain qui clamse en en révélant juste assez est une mauvaise blague… Surtout, l’âme aventurière du héros ne colle plus avec sa nouvelle psychologie : il a emménagé dans une mignonnette maisonnette (celle des Smith !), subit plus ses investigations qu’il ne les provoque, et se coltine une nouvelle et improbable méchante sexy dans les pattes. Ce n’est pas un désastre pour autant : en raccrochant les origines de XIII aux premiers pionniers, le synopsis s’ouvre en grand un potentiel d’aventures d’éclairages didactiques et surtout de focus sur les fondements de la société américaine. Ce n’est juste plus vraiment XIII.