L'histoire :
Dans le Paris de la Belle époque, il était un salon où une seule mais nécessaire condition était suffisante. Afin d’appartenir au « petit clan » des Verdurin et avoir « couvert mis » chez eux, il fallait adhérer tacitement à un Credo composé d’habitués réunis autour d’un jeune pianiste « sachant jouer Wagner comme cela n’était permis ». Swann fréquentait alors une toute autre société. Mais il aimait tellement les femmes, de la plus modeste extraction à l’élite mondaine, qu’il ne songeait à passer son temps autrement qu’en bonne compagnie. Il lui arrivait parfois de commettre un impair ou de se lasser. Il lui fallait alors prendre congé discrètement et s’inviter sous d’autres cieux. Un soir de théâtre, il arriva qu’il fut présenté à Odette de Crécy. La jeune femme paraissait à tous très aimable, néanmoins elle lui sembla d’un genre de beauté indifférente à ses yeux. Il la visita cependant par la suite, d’abord de manière espacée puis plus rapprochée. D’un abord facile et le trouvant très à son goût, la belle pressait le bellâtre et le chérissait en secret. C’est ainsi que Swann devint un invité régulier des Verdurin où la dame se rendait. Il en vint à apprécier ces moments, sans pour autant les désirer passionnément, les sachant acquis. Quand, un soir, une musique d’une langueur indicible joua à son cœur une mélodie inconnue, celle d’un amour naissant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Commencée avec Combray puis avec A l’ombre des jeunes filles en fleurs (en 2 tomes), Stéphane Heuet poursuit l’adaptation du premier des livres composant A la recherche du temps perdu, écrit par Proust au début du siècle passé. Lui aussi composé de deux volets, Un amour de Swann sera ensuite suivi de Nom de pays, le nom, dès la parution du second volume. Cet anté-pénultième volet Du côté de chez Swann, offre les mêmes qualités que ses précédents : élégant, soigné et fidèle. Si les plus cultivés d’entre vous ont déjà lu un (ou plusieurs, plus rarement l’intégralité) des romans d’une des plus grandes plumes de notre littérature, les autres pourraient en avoir un remarquable aperçu au travers du travail de Stéphane Heuet. L’épisode raconte l’histoire d’amour vécue par le bellâtre Charles Swann et la frivole Odette de Crécy dans le Paris des années 1880. Bien mené et didactique (vous apprendrez bien des choses avec plaisir), ce « roman parisien » impressionne par sa rigueur. Le dessin d’un classicisme parfois maladroit (voire désarmant pour les plus exigeants) offre l’avantage d’une grande lisibilité, d’une accessibilité certaine permettant à la série d’être publiée aux Etats-Unis, au Brésil, en Italie… et permet en outre à l’auteur une reconstitution soignée du cadre historique. Sur ce dernier point, force est de reconnaître la documentation sans doute prodigieuse amassée et les recherches infinies entreprises, et cela en de multiples domaines. Architecture, arts (musique, peinture…) et Histoire, rien n’est laissé au hasard. L’atmosphère réussie, il ne reste plus qu’à vous laisser toucher par une romance écrite de main de maître, en attendant une suite qui ne saurait trahir…