L'histoire :
Sur Sauria 3, un groupe d’éclaireurs est inquiets de l’attitude bizarre des animaux d’un marais. C’est le calme avant la tempête, car bientôt un torrent de flammes s’abat sur eux. Des bombes sont déversées en masse par des vaisseaux spatiaux. Un survivant, Syssim, voit les vaisseaux débarquer des militaires humains et des bipodes qui mettent la planète à feu et à sang, tuant tout le monde sur leur passage. Les maigres résistances sauriennes sont écrasées et les survivants impitoyablement achevés. Syssim se précipite chez lui pour sauver sa femme et son bébé, mais sa maison est attaquée. Il s’en sort avec un bras de moins. A quelques temps de là, Syssim est reçu par un mystérieux Maître, qui le félicite pour l’attaque du Standard Island. Le Saurien est invité à lancer une nouvelle opération d’ampleur… Pendant ce temps, sur Aquablue, alors que les tensions raciales sont au plus haut après l’attaque du Standard Island, des jeunes gens en scooter des mers écrasent un autochtone. La manifestation qui s’ensuit est réprimée dans le sang.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis que Régis Hautière et Reno ont repris la série Aquablue, ils gardent un très haut niveau de réalisation, et ce tome ne fait pas exception. Dès les premières pages, on est scotché par la qualité du dessin modélisé de Reno. Chaque case de chaque planche est belle et on pourrait y passer un sacré moment, les yeux dans les étoiles et la bave aux lèvres. Mais l’histoire nous happe. Le scénario imaginé par Régis Hautière mêle les manigances industrielles, les complots politiques, l’urgence environnementale, les tensions raciales, tout cela mélangé dans une histoire de science-fiction menée tambour battant. Le découpage est nerveux et efficace, et marie parfaitement les plans larges et plus serrés. Ce séquençage cinématographique donne une vivacité à l’histoire qui permet d’accrocher le lecteur dans toutes les micro-histoires autour de Nao. Celui-ci se débat naïvement dans la mare aux crocodiles, autour de Carlo qui enquête avec Jason Polonsky sur la disparition de Maurice Dupré, autour de Cybot sur une île déserte au milieu d’Aquablue, et autour de ce mystérieux Syssim qui mène impitoyablement une guerre contre la paix. Tout fonctionne, tout rebondit et la radicalisation du fils de Nao inquiète déjà le lecteur fidèle… Le seul petit (tout petit) problème, c’est le réalisme des corps qui fait parfois penser à un roman-photo. C’est assez déstabilisant, mais enfin, clairement, on chipote.