L'histoire :
Karl est désormais directeur de son école, un poste qu’il doit à son mérite, mais aussi au fait qu’il a n’a pas oublié de prendre la carte du parti. Il ne soutient aucunement l’idéologie de l’Allemagne nazie, mais il n’a jamais laissé ses sentiments profonds l’emporter sur la raison. Il reste prudent pour éviter le danger. Récemment marié, il n’aspire qu’à éviter les ennuis, il patiente. Lorsqu’un de ses professeurs vient lui annoncer son départ pour les Volkssturm, ces groupes de volontaires mobilisés par Himmler en 1944 , les deux hommes échangent leurs vues en parlant du Joueur de Flûte, le fameux comte des frères Grimm qui voit une foule se jeter dans un précipice en suivant aveuglément un musicien qui les hypnotise. Le parallèle avec la situation politique est évident, mais aucun des deux n’ira plus loin. En rentrant chez lui, Karl fait une pause au café en bas de l’immeuble, où même le très fidèle Adolf commence à douter de son führer. Le front russe est mortel pour les soldats allemands, les bombardiers alliés survolent la ville de plus en plus souvent. Tous aimeraient secrètement que tout se termine, mais la guerre est loin d’être finie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le ton sera resté le même au fil des quatre tomes de cette passionnante chronique d’une Allemagne presque ordinaire sous la dictature nazie. Un regard sans jugement porté sur des gens comme les autres, qui sont eux aussi des victimes du nazisme. Rodolphe conclut un scénario bien construit, qui se développe comme un roman, sans effet de manche, sans trop d’ellipses. Le rejet du régime qui croit dans les sentiments de Karl ne prendra pas le dessus sur sa prudence, et l’avancée de l’histoire fera le travail. Ramon Marcos termine l’histoire avec un trait plus nerveux, pour ne pas dire plus rapide que celui du premier tome, qui se démarquait avec une sorte de ligne classique très précise, parfaitement dans le ton du récit. Les pages restent très propres, avec les couleurs parfaites de Dimitri Fogolin, leurs nombreuses nuances de verts et de gris bleus qui collent à l’époque. Sans renversement majeur, cette épopée banale en quatre tomes sera restée passionnante à lire. On pourrait l’imaginer adaptée d’un roman réaliste de l’après-guerre. Un travail classique au sujet original, traité avec finesse et simplicité, tout en équilibre.