L'histoire :
Après l’avènement de Hitler à la chancellerie en 1933, les choses s’accélèrent considérablement au milieu des années 30, pour le Reich allemand. Réunification de la Sarre en 1935, remilitarisation de la Rhénanie en 1936, rattachement de l’Autriche à l’Allemagne et accord de Munich sur la Province des Sudètes, en 1938. Plus rien, ni aucun pays, ne semble pouvoir arrêter la soif d’expansion du dictateur. Mais pour la quasi-totalité du peuple allemand, c’est l’allégresse et le signe avant-coureur du renouveau pour le pays qui remilitarise à tout va. Alors la vie suit son court au café « Chez Adolf », où l’on parle gaiement des exercices de défense passive et de l’expulsion de la famille Albo, les voisins juifs, « pourtant bien sympathiques ». Même l’incendie criminel de la synagogue voisine ne remet pas en cause les idées bien-pensantes de tout un chacun. Aussi, cette année 1939 s’annonçait plutôt bien pour le professeur Karl Stieg. Même si, toujours célibataire avec un petit salaire et un début de calvitie, à 45 ans, « l’âge des illusions est passée ». Mais son vieil ami Hugo meurt étrangement dans un accident de voiture. Et son frère Gunther décide de léguer à Karl et à leur amie Hilde, une partie des livres du défunt, dans l’immense résidence de famille. Hilde y est agressée et Karl abat son agresseur, que l’on enterre dans la forêt. Le discret professeur Stieg vient de tuer un homme. Il reçoit ensuite une lettre anonyme lui annonçant la mort de son ancienne consœur, Gertrud Brown, internée dans le camp d’opposants politiques de Ravensbrück. Puis à la rentrée de septembre, il apprend la grande nouvelle de l’invasion de la Pologne. Et l’on boit bientôt à la déclaration de guerre avec la France et l’Angleterre, certains de la victoire finale. Alors qu’il est poursuivi par la police, le pasteur Wirtz confie à Karl des documents alarmants de témoignages et de photos sur les camps de concentration. Mais entre ses relations fortuites avec Hilde et Rosa, le gentil professeur ne réagit toujours pas. Pourtant, la Gestapo semble bien s’intéresser à lui, son appartement est cambriolé et les documents compromettants volés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette suite des aventures d’un simple citoyen allemand plongé dans l’émergence du nazisme, continue sur sa lancée, avec toujours le même questionnement d’ensemble, à savoir, « qu’aurions-nous fait à sa place » ? Sous les traits de l’anti-héros Karl Stieg, simple professeur de collège et adhérent du parti nazi, plus par opportunisme que par conviction, nous parcourons les grandes heures qui ont précédé la mise à feu de l’Europe et du monde. Nous retrouvons donc notre homme, qui se définit si justement comme un perpétuel hésitant dont le courage n’est pas la vertu première. Il continue donc sa petite vie paisible, comme beaucoup d’entre nous l’aurions fait, sans guère se rebeller contre les actions et directives du gouvernement ultra autoritaire et criminel. Il n’y aura que lorsque les événements commencent à le toucher de très près que Karl Stieg commencera à agir. La thématique, déjà parfaitement posée dans le premier tome, perd donc malheureusement de son poids dans cette suite, avec une logique déroulant les faits historiques, de 1935 à 1939, mais guère de suspens quant à l’histoire du personnage principal. Quelques anecdotes et faits divers, plus ou moins dramatiques, ne semblent guère (encore) lui faire prendre réellement conscience du danger qui arrive à grand pas et l’histoire en devient presque endormante. Heureusement, il reste les traits du dessin, très agréables et légers, qui donnent à l’histoire un parfait contraste avec les heures sombres vécues par l’Allemagne de ces années 30. Et si l’on ne sait en combien de volumes est prévue la série, il serait grand temps qu’il se passe quelque chose, avant l’arrivée des Russes et des Américains sur le territoire Allemand, même si notre petit doigt nous dit que cela pourrait bien se précipiter.