L'histoire :
Pour honorer un pari perdu avec son demi-frère, Charlotte doit se faire passer pour un garçon durant une année entière, en tant que pensionnaire dans une université… sans se faire démasquer ! Avec une perruque, une casquette et la complicité de son compagnon de chambrée Gabriel, dont elle est tombée amoureuse, elle est ainsi devenue « Charlie ». Et les premiers jours de fac, l’illusion passe. Mais une jeune fille, Héloïse, tombe aussi amoureuse de lui/elle ! Charlie/Charlotte est donc obligé de ruser et de se faire passer pour homosexuel pour s’affranchir d’une drague insistante. Aujourd’hui, c’est Amaury, le frangin d’Heloïse, qui surprend Charlotte en version fille, c’est-à-dire non déguisée en Charlie, dans leur cuisine commune. Il la trouve très jolie et entreprend de la séduire ! Gabriel exfiltre sa copine manu-militari… Le lendemain, devant le courroux de Charlie, Amaury en déduit que Charlotte est sa copine à lui ! Et Héloïse ne comprend plus : Charlie est-il homo ou bien ? Devant l’insistance d’Amaury et Héloïse, Charlie et Charlotte doivent impérativement venir ensemble à la prochaine soirée poker… ce qui est passablement impossible, étant donné qu’ils sont une seule et même personne. Comment Charlie/Charlotte va-t-il/elle résoudre cet ultimatum ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce tome 3, le pari un peu dingue de Charlotte se poursuit en dépit de toute vraisemblance : se faire passer pour un garçon à la fac pendant 1 an, sans que personne ne remarque qu’elle est une fille – et une jolie, féminine et romantique, en plus. On en est arrivé au point où on en a presque oublié l’origine de la contrainte, à savoir l’orgueil jusqu’au-boutiste de cette héroïne têtue, face à un demi-frère qui s’en fiche un peu, en fait. Rien ne la fera dévier de son objectif transformiste, et peu importe le réalisme. L’autrice Jenny peut dès lors se concentrer pleinement sur les conséquences sociales, amicales et sentimentales de cette contrainte insolite et moderne. Pour corser les choses, dans cet épisode digne d’un Vaudeville estudiantin, Charlie doit se dédoubler, car il sort avec elle-même (vous suivez ?). Ainsi un comparse doté d’un providentiel et inouï talent de transformiste jouera à tour de rôle son lui masculin et féminin, tandis qu’elle/il-même jouera respectivement l’autre rôle (je vois bien que vous suivez pas…). C’est totalement invraisemblable… Mais bon. Ce fil narratif surfe de manière quasi infantile sur les principes du transgenre, en s’efforçant de ne surtout jamais devenir un sujet. Nos personnages jouent ainsi des rôles alambiqués, manipulateurs et séducteurs, qui pimenteront sûrement la lecture des jeunes fans indulgents. Jenny va jusqu’à leur faire jouer une séquence proche du viol sous drogue (soft, mais tout de même bien inconvenante !) ; puis elle termine par une scène de secours héroïque dans une rivière, une séquence vraiment tordue et pas du tout crédible. Dommage que la psychologie des personnages et leurs circonstances grotesques soient aussi faiblardes, car le dessin manga-typé abouti, détaillé et expressif est vraiment chouette !