L'histoire :
Au terme d’un chantage usant de forces divines, puis d’une course-poursuite fantastique, Moïse a réussi à libérer son peuple hébreu du joug de Pharaon. Ils ont traversé la mer rouge et se retrouvent désormais à traverser à pied, en une longue cohorte de pèlerins, le désert du Sinaï. Soudain Moïse indique à son peuple la nécessité d’établir un campement. Il lui faut atteindre seul le sommet d’une montagne et tous doivent l’attendre à son pied. Moïse part donc et reçoit les instructions du tout-puissant. Il est nécessaire que son peuple lui obéisse aveuglément. Il leur est demandé d’attendre 3 jours sans toucher une seule femme, après quoi une trompette retenti et l’Eternel vient vers eux dans une épaisse nuée. Puis il leur dicte longuement ses commandements : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face ; Tu ne prononceras point le nom de l’Eternel, ton Dieu, en vain ; Tu ne tueras point… ». Le peuple entend. Moïse se lève ensuite de bon matin, puis érige un autel de douze pierres, pour les douze tribus d’Israël. Puis il demande à ce qu’on lui apporte du sang de taureau, qu’il renverse pour moitié sur l’autel, l’autre moitié étant répandue sur le peuple…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la suite logique de la traversée de la mer rouge, le patriarche Moïse reçoit cette fois les célèbres tables de la loi et impose à son peuple une errance de 40 ans dans le désert. Ainsi est-il écrit dans l’Exode de l’Ancien Testament, que le duo d’adaptateurs Michel Dufranne et Jean-Christophe Camus finissent de retranscrire en BD. Pour l’essentiel du propos, l’Eternel dicte tout un tas d’obligations à son peuple et promet d’être cruel si l’on y déroge. L’Eglise d’aujourd’hui évoque rarement la férocité de ce Dieu jaloux et il est honorable, culturellement parlant, que les auteurs n’occultent pas cet aspect. De même, ils ne dissimulent pas d’autres épisodes « moralement discutables », eut égard aux mœurs de notre XXIème siècle occidental. Ainsi Moïse répand-il du sang de taureau sur le peuple (p.19), ou demande-t-il à son peuple de s’auto-massacrer en représailles de son idolâtrie déviante (p.33). En outre, cet épisode – tout comme les Saintes Ecritures à l’origine – se montrent très redondantes dans le propos de fond, c’est-à-dire l’énumération accablante de ce qu’il faut faire et ne pas faire, ainsi que sur la double gravure des commandements dans des tables de la loi. Cela est cependant l’occasion d’une transposition graphique grandiose, voire grandiloquente… mais la nature des évènements aurait mal souffert d’un moindre traitement. Damir Zitko se fait plaisir en dessinant des cases géantes sur des pages complètes (à 6 reprises), voire carrément sur des doubles pages grand format (à 5 reprises) pour que l’épopée de Moïse soit vraiment majestueuse. A l’image du célèbre péplum ciné de Cecil B. DeMille (1956), le climax est atteint lorsque Moïse, les cheveux dans le vent, dans une position de totale soumission, baigné d’une puissante lumière divine irradiant d’un ciel tourmenté, reçoit les tables de la loi. Waoh.
