L'histoire :
Ancien braqueur de trains, Hermès Coltrane s’est reconverti en prestidigitateur, ce qui lui permet surtout de se livrer à diverses escroqueries. En septembre 1899, il retrouve son ami Mac (de son vrai nom Zachary MacMahon), récemment évadé de taule et dont la tête est mise à prix 3000$, à Skasway, une petite ville d’Alaska, bastion des chercheurs d’or. Mac lui propose de participer à un casse fabuleux, qui leur permettrait, en outre, de se venger d’un ennemi commun, le colonel Sebastian Zondrick. Devenu prospecteur, cet ancien officier yankee a tout misé sur des champs aurifères du Yukon et la réussite de son exploitation lui a même permis de fonder la ville de Cripple’s Junction. Il y a en effet trouvé une pépite d’or pur, gigantesque, de 50 Kg, « The stone ». C’est cette pépite de légende que Mac ambitionne de dérober lors de son transfert ferroviaire vers les USA. Car le transfert de the Stone doit absolument être assuré avant le dernier jour de l’année, sous peine de devenir propriété du gouvernement canadien. Lors de ce voyage, un coffre blindé spécial, inviolable, a été confectionné pour contenir la pépite géante. Or Mac a carrément prévu de recruter le type qui a conçu le coffre, le seul également à pouvoir le forcer. De son côté, Coltrane propose le casse à un métis vivant en ermite, qui a lui aussi un compte à régler avec Zondrick. Enfin, une fois à Cripple’s Junction, ils sont rejoints par Benjamin Boom Boom, expert en explosifs. Ils prennent alors la mesure du service d’ordre draconien qui fait appliquer la loi tyrannique du puissant Zondrick. Ils font aussi la connaissance de Blondie, femme fatale, chanteuse de cabaret et épouse de Zondrick…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la série Le casse, voici venu un passage obligé du registre, option western, qu’on pourrait résumer par « la grande attaque du train d’or » ! Tout part d’une petite bande d’escrocs, qui veut se venger du puissant (et pourri) maître d’une ville, en lui piquant sa pépite d’or géante (voire gigantesque). Un peu à la manière des « 7 », série-concept également dirigés par David Chauvel, le plan d’action passe par une phase de recrutement, ici bien échelonnée et donc non rébarbative. Le cœur du récit, riche en dialogues, en fausses pistes et en détails, s’occupe donc essentiellement de creuser la large brochette de personnages : leurs caractères, leurs compétences, leurs engagements, leur (éventuelle) propension à faire cavalier seul… Le casse à proprement parler, aux tournures évidemment imprévues, n’intervient qu’en toute fin d’album. Mais l’action et les scènes à hautes tensions ne sont pas en reste pour autant : ça flingue, ça gicle et même que ça guillotine ! Bref, Luca Blengino a mis en place un modèle de narration, solide, captivante, parfaitement équilibrée. Or étant donné que le dessin d’Antonio Sarchione est particulièrement soigné, le plaisir sur ce one-shot de 64 planches (siouplait) est entier. Les cow-boys ont des tronches bien patibulaires, les plans larges très cinématographiques assurent le grand-spectacle et l’ensemble est idéalement rythmé et découpé. On n’aurait pas parié sur ces auteurs, qui n’avaient jusqu’alors livré que des albums certes pros, mais pas tout à fait incontournables (COPS, Gaijin, Flamingo). Il faut néanmoins reconnaître que leur prestation montre cette fois une sacrée maestria, à classer parmi le top d’une série déjà franchement enthousiasmante !