L'histoire :
Quand Félix débarque au Centre Correctionnel d’Attica, les matons sont surpris qu’un gringalet, blondinet à mine d’ange, puisse se retrouver derrière les barreaux. Mais il s’agit là d’une « petite » surprise, au regard de celle qui suit : son affectation à la cellule 701. Cette dernière est en effet occupée par une légende de la prison : Soul Man, tristement célèbre pour, depuis 40 ans, avoir occis chacun de ses infortunés compagnons de cellule. Effectivement, le jeune taulard fait connaissance avec une brute épaisse qui ne tarde pas à lui passer les mains autour du cou et à les serrer doucement. Mais le vieux prisonnier s’interdit pourtant le pire, ce soir là, persuadé que le gamin n’a pas été mis dans sa cellule pour rien. Il se laisse le temps d’en découvrir la raison, avant de finir ce qu’il avait entrepris. Une semaine pour que le blondinet lui crache le morceau. Les jours suivants, outre l’humeur changeante du colosse, Félix doit subir les provocations des autres détenus. A ce rythme, pas sûr qu’il fasse de vieux os dans le centre de détention. Peut-être bien, pourtant, que le jeu en vaut la chandelle. Le gringalet aurait, pourquoi pas, des infos lui permettant de faire le lien entre ce bon Soul Man et une valise lourde de 20 million de dollars disparue, il y a près de 40 ans, sous le nez de la mafia…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce 3e forfait, c’est le cerveau des Casses qui met lui-même les mains dans le cambouis. David Chauvel, directeur de collection, endosse en effet pour cet opus de mi-parcours le veston du scénariste, avec l’aisance qu’on lui reconnait souvent. Pour l’exercice, l’auteur choisit un angle un peu plus classique que ses compères, par lequel l’amateur rodé au polar se laissera moins surprendre que le lecteur lambda. Peu importe en tous cas, les uns et les autres ne pourront que louer l’incroyable maîtrise de la narration : captivante, solide, garnie de rebondissements et se lovant impeccablement dans la cinquantaine de planches proposées. Calés dans notre fauteuil, comme si on se faisait une bonne toile (David Chauvel a même pensé à la musique soul pour accompagner sa réalisation), on se laisse alors enchrister derrière les barreaux de la cellule 701, en compagnie d’un gros black, peu engageant, et d’un blondinet à tête d’ange. Les 20 millions de dollars qui aiguillonnent l’intrigue, les rapports entre les 2 principaux acteurs, l’ombre de la mafia, l’ambiance carcérale distillée avec intelligence, les flashbacks habilement incérés et le petit jeu des surprises successives, font de l’ensemble un petit bijou de construction. Répétons le : rien de bien nouveau sous le soleil du polar noir, mais c’est très bien fait de la première ligne de texte à la dernière case. Denys ne se fait d’ailleurs pas prier pour se mettre à la hauteur du travail de son scénariste. Il livre, entre autre, un dessin réaliste collant parfaitement à la mise en scène cinématographique choisie, via ses cadrages. Fluide, maitrisant les codes du genre, dynamisé par son graphisme et plein d’heureuses surprises, voici un album à ne pas manquer !