L'histoire :
1936. Allemagne, Château de Stoldidz… Autrefois héros de la Grande Guerre ; il y a peu pièce maitresse des « services de nettoyage » et d’espionnage ; aujourd’hui emprisonné, soumis à la torture. Que lui est-il arrivé ? Tout commence 9 jours auparavant, quelque part en Autriche, autour d’un thé au jasmin. Il a avec lui une valise pleine de marks qu’il compte échanger contre quelques précieux renseignements. Mais le breuvage tiédasse sent l’arsenic et le fils de son informateur ne tarde pas à pointer le canon d’un fusil contre sa tempe : les termes du deal semblent avoir changé. Aussi, le Major de la Wehrmacht ne tarde t-il pas à mettre son expertise du combat rapproché au service de sa survie. Et il expédie ad patres père et gamin pour repartir avec sa valise, la description d’un alléchant inventaire, les plans d’une forteresse et de précieuses recommandations. Le lendemain, il regagne son état-major à Berlin pour y prendre des ordres pour une nouvelle mission : infiltrer une usine de construction aéronautique en Angleterre, tenter de convaincre un des ingénieurs de travailler pour le régime nazi ou le supprimer. Mais avant, le militaire a quelques obligations à régler : son séjour en Autriche n’est pas passez inaperçu et il doit fournir quelques explications à la Gestapo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Clôturant l’exercice imposé du casse multiforme,L’héritage du Kaiser se hisse sans complexe au niveau d’excellence de la fratrie : toujours parfaitement construit pour tenir en haleine de bout en bout. Pour cette dernière, c’est le personnage central à lui seul, qui porte habilement le poids de l’album, dans un contexte socio-historique parfaitement exploité. Borgne, balafré, taiseux, machine à tuer experte de la Wehrmacht contraint d’effectuer de basses besognes pour les nazis, ce Major a une stature qui force le respect. Ce qu’il veut, ce qu’il pense, ce qu’il projette mystérieusement, est habilement et lentement mijoté avant de nous conduire au dénouement. Herik Hanna s’amuse à construire des mystères qui font la force de son « casseur » sans pour autant nous livrer toutes les clefs. Du coup, on pourra se sentir frustré d’une conclusion inventive, mais nous laissant orphelin de quelques développements. C’est d’ailleurs le juste revers de médaille lorsqu’on sait créer un protagoniste à gros potentiel d’exploitation. Découpé avec brio, avare en dialogues et rythmé par une voix off particulièrement bien écrite, le récit se veut sec, tranchant, violent et sans concession. Loin du graphisme lissé, Traivor Hairsine propose quant à lui un dessin au trait vif et torturé, renforçant particulièrement l’atmosphère sombre, triste et violente du récit. Ainsi ce 6e Casse conclut avec brio une série-concept dirigée par David Chauvel particulièrement efficace : une bonne surprise et un chouette tirage de langue à ceux qui auraient pu, avec médisance, n’y voir qu’une manne commerciale.