L'histoire :
Aux USA en plein maccarthysme, le cinéaste Dash Bauer s’inquiète pour son frère Egon et sa nièce Elen. Eminent anthropologue, Egon est porté disparu au Tibet, peut-être assassiné par les envahisseurs chinois. Il y était parti pour peaufiner une thèse biblique révolutionnaire : ses recherches prouveraient que Jésus Christ aurait passé 13 ans de sa vie au Tibet, sous le nom de Yus Asaf ! Ce sujet de recherche est évidemment extrêmement mal accueilli aux USA, à cette époque d’inquisition anti-communiste. Au point qu’un haut responsable du clergé envoie un agent sur place, un « homme en noir », avec l’ordre d’opter pour une solution radicale. Elen, quand à elle, est aussi partie en expédition au Tibet, à la recherche de son père, accompagnée par le détective et baroudeur Kevin McBride. Elle déchante quelque peu en découvrant ce dernier – dont elle est tombée secrètement amoureuse – dans les bras de la belle Zhan Yi, une agent spéciale envoyée par Pékin. Pendant ce temps, le vieil Egon, bien vivant, poursuit son périple et ses recherches, sur les chemins de la sagesse. Convaincus par la pureté de son cœur et par son érudition, les moines lui ouvrent leurs savoirs et l’initient à nombre mystères… Il lui est ainsi donné de voir une âme s’envoler et un shaman lui indique la voie : il doit se rendre en la cité de Srinagar, où il rencontrera un homme mystérieux, gardien du mythique Rozabal…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce second volet, le scénariste italien Dal Pra’ fait avancer l’intrigue de la plus palpitante des manières, et sur tous les fronts. D’un côté, Egon est initié au plus haut niveau, en suivant une sorte de parcours initiatique en divers lieux du Tibet, à des mythes pour le moins passionnants et clairement exposés. De l’autre, sa fille et le détective mettent au clair leur relation tourmentée, tout en poursuivant leur périple. Enfin, on suit les remous provoqués dans la sphère occidentale (et à Pékin) par ces recherches sulfureuses : logique, puisqu’elles sont d’ampleur à faire furieusement vaciller les fondements de l’humanité entière. En tous cas, Dal Pra’ prouve de belle manière que l’embrouillamini occulte, habituellement en vigueur dans le registre, est totalement inutile (et agaçant) pour accrocher le lecteur. La limpidité de la trame et des sujets n’empêche en rien de rendre l’intrigue ésotérique palpitante. En outre, en marge des tensions de l’aventure, Dal Pra’ propose une démarche intéressante en évoquant les passerelles théologiques entre les préceptes véhiculés par le bouddhisme et le catholicisme. Une petite requête Google sur le terme « Rozabal » en apprendra davantage aux curieux, car la thèse du Christ en Inde est authentique ! Quand au dessin en couleurs directes de Paolo Grella (élève de Dal Pra’), il se montre du même acabit que sur le premier tome : somptueux !
