L'histoire :
En 1951, le vieil anthropologue américain Egon Bauer découvre, au Tibet, des manuscrits qui attestent que Jésus Christ a passé une grande partie de sa vie en ces lieux, sous le nom de Yus Asaf. Initié à la mystique de la chose, Bauer décide même de devenir l'un des gardiens du tombeau où repose aujourd'hui la dépouille du Christ... ce qui remet largement en question la thèse de la résurrection. Le vieux chercheur confie alors un carnet contenant la somme de ses études à sa fille Ellen et au détective privé Kevin McBride, venus à sa recherche en ces contrées lointaines. Charge à eux de remettre ce document brûlot au docteur Brown, un collègue universitaire de confiance, afin qu'il fasse éclater la vérité sur l'Eglise à la connaissance du monde. En janvier 1953, Elen et McBride sont enfin de retour de leur périple, accueillis à la gare de Los Angeles par Ted Canerton. Cet ancien cascadeur à Hollywood, qui faisait la cour à Elen avant que celle-ci ne se lie à McBride, paraît louche aux yeux du détective. Encore plus louche, ce contrôle routier par de faux policiers, qui assomment les 3 passagers et « dérobent » apparemment le précieux carnet de Bauer. McBride sait désormais que les « hommes en noir » qui cherchent à préserver l'influence de l'Eglise à tout prix, les ont pistés jusqu'ici. Cet obscurantisme effréné trouve un curieux écho en cette ère où les médias sont le relai d'un maccarthysme particulièrement virulent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La remise en question des fondements des saintes écritures, et donc des bases morales et sociales de notre civilisation occidentale, semble être un sujet qui passionne notre époque... Ou en tous cas qui déchaîne l'imagination des scénaristes, à en croire la profusion de « thrillers ésotériques » qui habillent les rayons des libraires (et pas qu'en BD). Oublions ici l'effet de mode qui confine à la banalité, pour nous intéresser à la manière. Le gros avantage de cette trilogie, est que l'axe narratif empreinte un axe plus politique que cet occultisme pompeux qui forge nombre de ses petites soeurs dans le registre. L'intrigue mise en place par Dal Pra' étaye en effet la découverte d'un Manuscrit interdit sur l'abominable époque de suspicion maccarthyste. Ou comment un obscurantisme en nourrit un autre... Evidemment, les protagonistes cherchent à révéler une vérité que des institutions puissantes et millénaires cherchent à faire taire. Les forces en présences embrassent donc des points de vue très manichéens (Ku Klux Klan et les hommes en noir du Vatican...), au service d'un récit néanmoins bien construit et parfaitement divertissant. La grande plus value se trouve surtout dans le dessin ultra réaliste de Paolo Grella, dont chaque case est une véritable toile réalisée à la gouache. Après les montagnes du Tibet, le décorum des fifties américaines de ce troisième et dernier volet, s'avère particulièrement approprié à son savoir-faire. L'artiste prend un plaisir évident à dessiner les belles voitures de l'époque et montre une gestion de haut vol des ambiances et des reflets de lumière. Désormais complète, la trilogie se situe plutôt dans le haut du pavé du registre.