L'histoire :
Tous deux prêts à annuler le déjeuner pour cause de cœur gros, Adèle et Joann se retrouve finalement pour une journée qui va s’avérer plutôt amusante. Trouver une tenue de dernière minute pour accompagner Joann au Césars, où il doit décerner un prix, va remonter le moral de ces naufragés du cœur. Au terme de la soirée, à 6 h du matin, Joann fait un constat : il a de moins en moins d’amis hétérosexuels. Le lendemain, il retrouve Priscilla, une copine qui a plein de tenues et qui le laisse l’habiller comme une poupée. En plus, « elle le sort » dans cette période Bridget Jones en bad. Sa relation avec elle, qu’il trouve sublime, est platonique, pratiquement asexuée. Elle est le modèle, lui le peintre. Ils flirtent juste ce qu’il faut pour se sentir plein de vie pendant leurs virées nocturnes. Ensuite vient Sandrina, qui s’imagine parfois que la vie est aussi élégante pour un homme que pour une femme. Elle aussi, superbe blonde, l’accompagne telle une muse dans le chemin qui le mènera, il espère, hors de cette ornière dans laquelle il retombe sans cesse. Adèle, Priscilla, Sandrina, Esther… mais à quoi joues-tu Joann Sfar ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Je t’aime ma chatte, Joann poursuit sa chronique graphique de l’année 2015 par la lorgnette de sa vie d’artiste. Avec ses relations amicales bien placées, il bénéficie d’un entourage qui absorbe toute sa force dépressive. Dépression inhérente à notre société, qu’il partage à des fins communautaires, dans le sens humain du terme. En revenant régulièrement sur le sujet Charlie par exemple, il nous confronte à ce qu’il remarque, que nous remarquons aussi, en fait. Il s’insurge, on confirme, et ça s’écoule dans le néant de l’activité de la fourmilière à économie de marché. Au niveau des sentiments, à nouveaux ses amours sont contrariés. Et toutes ses considérations sur le sujet, si elles sont lucides et de bon sens, même dans l’absurde, entretiennent finalement son célibat moyennement assumé. Rien d’alarmant pour le corps, en revanche, parce que les amies amantes défilent. Et c’est de la haute couture ! Culpabilisé à outrance, Joann se confie à tout va pour évacuer ce qui le ronge et contre quoi, souvent, il ne peut rien. Alors il dessine sa psychothérapie en analyse sociétale, où il met en scène ses muses et ses angoisses par son crayonné minimal. Bien sûr, c’est un peu parisien comme démarche, mais comment s’empêcher de l’être quand on y vit ? Et puis la légitimité de Sfar (de par son œuvre) transcende une pensée citadine à qui tout réussit, en philosophie urbaine à la portée de tous les clampins coincés dans cette rame qui file sur des rails de plus en plus pourris. En faisant écho au type de raisonnement qui pilote Joann, le monde tournerait plus rond. Parce que ce type de pensée habite le plus grand nombre parmi les sept milliards, ceux qui ne peuvent se faire entendre, les gens simples.