L'histoire :
23 juin 2023, Joann Sfar est prof aux beaux-arts de Paris depuis 7 ans et il démissionne. Il démissionne bien qu’entre cette école et lui, tout va bien. Le seul problème, ce sont les bandes dessinées. Personne n’en veut, comme disait Sfar en 1992. En octobre va commencer une grande exposition au MAHJ consacrée à ses dessins. Pour cette rétrospective, il lui a fallu replonger dans trente et quelques années d’archives. Les plus anciens de ses carnets composent cet ouvrage : il s’agit d’une soixantaine de carnets écrits et dessinés entre l’année de son entrée aux beaux-arts et la naissance de son premier enfant. Aucune de ces pages n’a été conçue pour être lue.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme le dit Joann Sfar en préambule, Young Man n’est pas un livre comme les autres. Il s’agit d’un recueil des carnets de croquis qu’il a réalisé quand il était étudiant. On y retrouve ses travaux lors des cours de morphologie, des dessins de radiateurs, des représentations de monstres, etc. L’auteur rend également hommage aux professeurs des beaux-arts comme Jean-François Debord ou Abraham Pincas qui ont pu l’aider à grandir artistiquement. Il faut s’armer de courage pour lire ce pavé de plus de 350 pages car le matériel est brut. C’est parfois écrit avec des pattes de mouche, des ratures, autant dire que ce n’est pas toujours très lisible. Pour contextualiser certains de ses dessins, Joann Sfar s’incruste dans certaines planches et éclaire le lecteur sur ses intentions artistiques. Graphiquement, c’est assez hétéroclite, entre des croquis faits instinctivement, rapidement et des dessins beaucoup plus aboutis avec la patte Sfar déjà bien reconnaissable. Certains portraits ou encore des imitations de grands maîtres de la BD sont surprenantes de réalisme.