L'histoire :
Lors d’une partie de pêche en haute mer, Lord Glenarvan et ses amis trouvent dans l’estomac d’un requin, trois morceaux de parchemins, quasi illisibles, en forme de SOS, signés du Capitaine Grant. A la suite de cela, ils sont contactés par les deux enfants dudit capitaine disparu et acceptent de partir à l’aventure dans l’hémisphère austral pour le retrouver. Après un périple particulièrement mouvementé en Patagonie, ils font chou blanc. Les enfants désespèrent. Le géographe Paganel, qui s’est accidentellement joint à l’expédition, fait alors une tout autre traduction des bribes du SOS retrouvé : selon lui, le Capitaine Grant aurait fait plutôt fait naufrage sur les côtes australiennes ! L’équipage met donc le cap vers l’Australie, toujours en suivant le 37e parallèle, l’une des seules données fiables du message de détresse. Le navire de Glenarvan, le Duncan, essuie alors une terrible tempête, mais il finit tout de même par atteindre le (bien nommé) cap Catastrophe. Puis après une nouvelle campagne de recherches infructueuses le long de la côté ouest du continent, ils obtiennent enfin le témoignage d’importance d’un rescapé du Britannia : Ayrton, l’ancien quartier-maître du Capitaine Grant. Celui raconte en détail son naufrage et il pensait jusqu’alors être le seul survivant. Cependant, avant de reprendre des recherches à partir du point précis du naufrage, il faut réparer les avaries subies par le Duncan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec son adaptation en BD du célèbre roman de Jules Verne, Alexis Nesme, pour la première fois en tant qu’auteur complet, a d’emblée mis la barre très haut, visuellement parlant. A l’époque où nombre d’auteurs trouvent bien commode que le trait de dessin du 9e art tourne à l’économie, sa griffe minutieuse et artisanale, en couleurs directes, fait une unanimité critique et publique rare. Gros lecteurs ou plus occasionnels ne peuvent que reconnaître l’époustouflant travail de stakhanoviste et le souffle épique qui s’en dégage. Les décors (paysages, navires, demeures, ciels nuageux…) sont enchanteurs, panoramiques et chiadés dans tous leurs constituants. Imaginez : pour les cases montrant le Duncan malmené par une effroyable tempête, Nesme est du genre à dessiner toutes les gouttes d’eau !! Les cases s’enchainent, plus impressionnantes les unes que les autres : accident de train, radeau bringuebalé par des récifs, expédition en convoi avec chariot… Et les personnages zoomorphes ne sont pas en reste : le moindre poil, reflet sur les truffes humides ou brillant dans l’œil a été pensé et concrétisé. Il semble même que ce second opus soit encore plus parachevé que le premier, qui lui-même avait déjà récolté nombre éloges et prix (dont celui des collégiens à Angoulême 2010). Bref, on en oublierait presque de parler de l’histoire, certes un chouya éculée. Comme pour nombre de ses romans, Jules Verne, inventeur du récit d’aventures, avait pensé son récit comme un prétexte à l’accumulation de périls hallucinants. Particulièrement linéaire, le scénario fidèle empile donc de nouveau mille péripéties, largement improbables dans leur fréquence, tout au long du 37e parallèle austral. Cela a le mérite d’être très divertissant – et didactique – pour les enfants ou en tant qu’accès à la littérature (l’un des objectifs de la collection Ex-libris). Et quand on Nesme…