L'histoire :
Avril 1137, abbaye de Saint-Denis. Louis apprend par l'abbé Suger que le duc d’Aquitaine Guillaume X, est mort. Devant renoncer à sa vocation d'entrée dans les ordres, et sur les conseils du prélat, Louis accepte de se marier à Aliénor d'Aquitaine, fille et héritière du défunt. Le mariage entre Louis VII et Aliénor a lieu en 1137. En conséquence, celle-ci apporte en dot la province de Guyenne, la Gascogne, la Saintonge et le Poitou, en plus de devenir reine de France. Le royaume s’est élargi et Louis VII doit désormais gouverner. Seulement voilà : personne ne connait vraiment la nouvelle reine. Belle et jeune, mais de réputation sulfureuse, Aliénor suscite l’agacement de sa belle-mère Adélaïde, à peine arrivée sur le trône. Accusée de batifoler et de s’enfoncer dans le divertissement plutôt que de s’occuper des affaires du royaume, Aliénor finit par être humiliée en public par Adélaïde et se voit rappelée à l’ordre comme une enfant par Suger. Plus tard, c’est Louis VII qui exige le respect, lorsque Aliénor se fait conter fleurette sous ses yeux… Après tant de vexations, Aliénor décide de reprendre les rênes de son existence pour devenir la seule vraie et légitime reine, fusse-t-il user de stratégie et de malice féminine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Action et trahisons au menu de ce récit historique faisant la part belle à la psychologie des hommes et femmes de pouvoir au XIIème siècle : la perfide et fine stratège Aliénor, le jeune et naïf Louis VII, ou encore le pragmatique et vertueux Suger, dépassé par les événements. Logiquement sont présentées ici des figures au trait forcé, « héroïsées » ou romancées, mais assez fidèles à la réalité historique. Symbole de la naissance des tensions entre français et britanniques, la mère de Richard Cœur de Lion, alias Aliénor d’Aquitaine, se signala par son peu de vertu au regard des normes de l’époque. S’appuyant sur ce présupposé, utilisant un canevas narratif fait d’aller-retour entre passé et présent (de 1137 à 1143, bataille de Vitry-en-Perthois), évitant aussi l’écueil du bavardage et du didactisme pesant, Arnaud Delalande plonge le lecteur dans les arcanes d’un pouvoir rythmées par des luttes d’ego parfois fatales, juste après le mariage entre Louis VII et Aliénor d’Aquitaine. Au programme : manipulations, faux-semblants et intrigues amoureuses comme ressorts d’un jeu de masques. Que du très classique, en somme, sur le plan narratif, avec des recettes éprouvées, mais l’ensemble a le mérite d’être fluide, vivant, spectaculaire et plutôt divertissant, d’autant que les dialogues vont à l’essentiel. Côté dessin, on s’étonne du trait grossier dans les premières planches, mais celui-ci s’affine heureusement page après page, avec une nette différence arrivé à la moitié de l’album. Sans être exceptionnelle, la prestation graphique demeure professionnelle et appliquée (p.54, voir le très beau plan sur Saint-Denis), même si l’on peut regretter ici ou là des soucis de perspectives ou de proportions (le salon p.6, le cheval p.24). Peu de préliminaires et un 1er tome qui se révèle honnête sans trop exiger d’effort. Aliénor, la Légende Noire se lit donc avec plaisir mais sans excitation particulière non plus, car sans surprise.