L'histoire :
En ce début d’année 1589, au château royal de Blois, Catherine De Médicis sent sa fin proche. Elle appelle son confesseur pour lui conter la fin de son règne et celui de ses fils. Elle revient sur les éléments marquants et sanglants qui l’ont accompagné tout au long de sa vie, dont cet été 1572, qui voyait l’union de sa fille Marguerite de France, la « reine Margot », avec le prince Henri de Navarre, chef du parti protestant. L’avènement de ce mariage qui sera le signe déclencheur de la funeste nuit de la St Barthélémy. Où, sous prétexte de limiter la puissance du parti huguenot, les ligues catholiques trucideront allègrement, en bonne et due forme, plus de 2500 protestants venus assister aux noces, dont le père spirituel du roi Charles IX, l’amiral de Coligny. Comment se remettre d’un tel drame, d’un tel massacre, effectué avec l’aval de l’autorité royale ? Pourtant, Catherine, qui n’avait jamais eu d’autre cesse que de rétablir l’unité entre catholiques et protestants doit abdiquer et faire rétablir l’autorité en faisant annuler l’édit de St Germain, qui accordait à chacun sa liberté de culte. C’était l’échec sanglant de la tolérance et le début de la conjuration des Malcontents, des catholiques modérés hostiles à la toute-puissance du roi. A leur tête, le jeune frère du roi, François, duc d’Alençon, comploteur aussi invétéré qu’incapable et stupide. Mais Charles pardonne, avant de mourir sans descendance, et hanté par ses crimes de masse. Nous sommes en 1574 et l’on dépêche alors son autre frère, Henri, devenu roi de Pologne. Dans l’attente, Catherine redevient régente du royaume. Elle tend alors encore la main aux réformistes et rappelle à l’ordre les Guises et la ligue catholique, qui viennent de prendre possession de Paris. Henri III doit bientôt quitter la ville, mais fera assassiner le duc et son frère, pour en reprendre le contrôle, avec l’aide de Henri de Navarre. Catherine pourrait s’en aller tranquille, s’il n’y avait toujours ces mêmes signes qui la poursuivent, le chiffre 13 et St Germain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Détestée par les catholiques pour avoir sacrifié l’unité de la foi à celle de la France et haïe par les protestants pour la raison inverse, Catherine De Médicis est restée dans l’Histoire comme la reine du massacre de la St Barthélémy. Une reine de France maudite entre toute, mais que l’histoire tente régulièrement de réhabiliter, au même titre que le tente également cette excellente trilogie. Poursuivie par la violence, de sa plus tendre enfance dans la révolution Florentine, aux guerres de religion, rien ne lui aura été épargné. Jamais un répit ne fut accorder à cette reine qui voulait sauver la France de la destruction, en faisant respecter la monarchie tout en préservant à chacun son droit de culte, mais dont le sang et le lignage étaient mauvais. Elle en récolta la ruine de sa politique de conciliation et de celle de sa famille, la branche des Valois s’éteignant avec son dernier fils Henri III, à l’image des autres rois maudits, les derniers Capétiens, deux siècles plus tôt. Cette trilogie a été menée, sans grand étonnement, avec une très grande similitude à une autre saga des Reines de sang, la sulfureuse Aliénor d’Aquitaine (des mêmes auteurs). Elle nous présente aussi une vieille reine confessant son histoire à ses proches, avec nombre retours historiques et beaucoup (trop) de textes, qui dérouteront malheureusement les moins érudits d’entre nous. Mais pour les autres, passionnés d’histoire, quel régal que de replonger dans l’univers sanglants du XVIème siècle, au cœur même des guerres de religion. Les dessins et autres décors restent fabuleux, tout de noirceur, de pourpre et d’écarlate, comme le sang qui ne cesse de jaillir des corps massacrés. Reste le jugement, à chacun de se le faire, sur la reine Catherine et ses choix, autant stratégiques que politiques, dans un but d’harmonie entre le peuple et le pouvoir. Un débat toujours d’actualité, quoi que moins sanglant. Heureusement.