L'histoire :
Les mystérieux services secrets de l'Interland orientent l'enquête de Gabriel Faune vers l'Automate Mental 45, une sorte d'œuvre d'art mécanique qui hante les souvenirs du citoyen numéro 1 de la cité. En remettant la main sur les pièces détachées de l'objet étrange, Gabriel semble plongé dans une forme de révélation, sous les yeux étonnés de Grete qui l'a élevé pendant son enfance. Mais l'arrivée de Freud va interrompre ce moment, lorsque tous les trois réalisent que Lohmann, à nouveau sous l'emprise de « M » son double maléfique, est éminemment dangereux. Ils se précipitent vers l'appartement de Louise dont ils craignent qu'elle soit victime d'une vengeance de l'inspecteur de police à la double personnalité. Faune se souvient de la nuit qu'il a passée avec la jeune femme, et imagine la vengeance possible de son compagnon. Lorsqu'ils arrivent sur place, l'affrontement ne pourra plus être évité. L'enquête sur la mystérieuse explosion de la Tour de la réconciliation va prendre une nouvelle tournure, dont Gabriel est convaincu qu'elle ne correspond pas à la réalité...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Serge Lehman conclut cet étonnant récit uchronique en rebondissant très habilement sur la scène d'ouverture de son premier tome, approfondissant un peu plus la complexité de son univers décalé. Les personnages historiques dans des rôles tous différents prennent un sens nouveau, y compris l'illustrateur de couvertures de magazines Adolf Hitler. Le lecteur aura voyagé pendant presque quatre cent pages dans cette Europe des années 30 qui aura vu une cité symbole de l'amitié franco-allemande secouée par des attentas dont l'origine pangermaniste n'est pas prouvée. Et alors qu'on aurait pu craindre un fin en queue de poisson sans explication complète, le scénariste réussit au contraire à nous surprendre de manière habile. Les références multiples des auteurs aux œuvres de Fritz Lang, combinées à la mise en scène de Freud, Churchill, Aristide Briand ou Gustav Stresemann, bouclent avec efficacité cette réalité alternative décalée mais très dense, renforcée par la qualité graphique de l'univers de Stéphane de Caneva. Les gratte-ciels et les quartiers de la ville, très crédibles, auront donné à cette tranche d'histoire imaginaire une belle épaisseur. La souplesse du trait du dessinateur lui permettant en outre d'alterner des visuels très sombres et des scènes très lisibles. Une histoire originale et riche, dont la complexité mérite une lecture concentrée.
