L'histoire :
C’est avec une idée vicieuse derrière la tête, que le sulfureux docteur Courcolain pose sa navette sur la planète-prison Halkatrass. Pour mille kublors-or, il réclame de la part du vénal directeur, de pouvoir recueillir le sperme de Joe-Mange-Boyau, l’un des pires psychopathes incarcérés. Il était temps : condamné à mort pour avoir tué 20 prisonniers et mangé leurs tripes, celui-ci est en train de se faire tronçonner en deux. A l’aide d’une pompe spéciale, sa semence est prélevée sur son cadavre frais et Courcolain peut mener son projet à bien : il féconde une adolescente anonyme maintenue depuis 10 ans en état végétatif. Neuf mois plus tard, il lui ouvre le bide et en extrait un orphelin, qu’il éduque avec cruauté pendant des années, surtout sans la moindre tendresse. A différents stades de sa vie, il l’opère, lui retirant les conduits émotionnels de son système nerveux, lui implantant un tube polymorphe dans la glande pinéale pour qu’il puisse se métamorphoser à volonté… Il le forme à tous les arts de combats et lui apprend à tuer sans sourciller. L’objectif est alors atteint : la création d’un ultra-mercenaire qui sera obligé de lui reverser des fortunes. Au terme de sa « formation », Showman killer est effectivement redoutable et émotionnellement insensible. Tellement féroce et débarrassé de tout sentiment, que dès sa première mission rémunérée effectuée, il trucide son créateur pour garder le fric pour lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A côté de ce Showman killer, Jack l’éventreur est un petit rigolo dans le palmarès des grands assassins ! Prenant pour décorum le mélange de science-fiction et d’horreur qu’il apprécie plus que tout, Alejandro Jodorowsky engendre ici le plus redoutable des psychopathes. Du genre vénal, invulnérable, impitoyable et ultra-efficace : quand il a une demi-heure à perdre, il va éradiquer, à lui tout seul, les envahisseurs d’une planète qui le rémunère grassement. Dès le prologue (cf. résumé), le ton de l’horreur et du vice ultime est donné… mais venant de Jojo, ça ne surprend plus vraiment. Comme à son habitude, le scénariste ne s’encombre pas de circonvolutions narratives et déroule son intrigue linéairement, en allant droit au but. La première partie du diptyque prévu nous présente ici le façonnage de ce personnage charismatique, puis le lance sur une problématique digne d’une tragédie grecque, avant de l’abandonner dans un déluge de barbarie, face à sa première faille. C’est donc plutôt du bon Jodo. Et c’est d’autant plus agréable à suivre que Nicolas Fructus, qui assure le dessin, est un graphiste hors pair, particulièrement adapté aux univers détraqués (Thorinth !). Les amateurs de SF se repaitront des superbes panoramas et scènes de combats offerts par ce futur sombre, tandis que les fans de gore en auront largement pour leur argent. Une brise de violence pure…