L'histoire :
En 2040, dans la ville de Baïkonour, attenante à l’ancien cosmodrome désaffecté, Yerzhan est un jeune adulte désœuvré. Il a tendance à trainer avec un copain, Rafik, qui est lié aux milieux islamiques terroristes, en butte avec le pouvoir russe despotique… Pourtant Yerzhan se moque de ces fondamentalistes et se fiche bien de la chose religieuse. Pour lui éviter ces mauvaises fréquentations, son beau-père lui demande de l’aider, un matin dès l’aube, pour faire une livraison de linge au pénitencier voisin. Or la nuit précédente, un violent orage a provoqué une coupure d’électricité sur la région. Dans le quartier de haute sécurité de la prison, le système de colliers électroniques pour les détenus les plus violents a été coupé quelques heures… L’un d’entre eux en a profité pour tuer un gardien et se réfugier dans la lingerie, après un carnage aux cuisines… Quand Yerzhan et son beau-père arrivent, c’est le branle-bas de combat. Ils doivent charger et décharger en vitesse, puis repartent. De retour à l’entrepôt, Yerzhan, qui seul a vu que le prisonnier était dans la camionnette, attend d’être seul pour le faire sortir. Il a la stupeur de découvrir que c’est une fille, mignonne, muette et surtout aguerrie à des techniques de self-défense pointues. Il demande à son ami Rafik de l’héberger pour la nuit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Régis Hautière confirme ici qu’il est bien le scénariste montant du moment. Qu’on apprécie ou pas le registre du thriller d’anticipation, sur arrière-plan de conjectures politiques et religieuses, ce tome d’exposition se révèle tout bonnement parfait, aussi bien sur le fond que sur la forme ! Car le dessinateur espagnol Efa semble lui aussi avoir passé un cap. Il y a beaucoup de mouvements dans son dessin semi-réaliste, d’une grande lisibilité, qui s’inscrit au sein de cadrages judicieux. Le char-design habilement établi permet de jouer sur une large palette d’expressions, qui sonnent juste, sans oublier quelques décors qui ont de la gueule (les ruines du cosmodrome). Bref, il y a des personnages attachants, du rythme, du « fond », une narration impeccable, d’une efficacité redoutable… et pas mal de zones d’ombres pour tenir le lecteur en haleine, suspendu à la sortie du tome 2. Qui donc est cette tueuse ? D’où lui vient son extrême efficacité ? Le plus fortiche, c’est qu’au terme de cette mise en bouche particulièrement accrocheuse, on n’a pas non plus la moindre idée de l’orientation à venir du récit. Prendra t-il une direction high-tech ou empruntera t-il un axe plus politique ? Le contexte de proche anticipation (l’an 2040) permet d’accorder du réalisme, tout en offrant la possibilité d’exploiter des technologies et contextes d’avant-garde. Sur son blog, Hautière nous promet surtout de nous faire voir du pays, à travers le Moyen-Orient et l’Europe…