L'histoire :
Sur la scène du cabaret de Pigalle « Le lapin bleu », le grrrrrand magicien Shir Excelcior succède au tour de chant de Gillian Pelletier (Padam, padam...). Son tour de prestidigitation est un classique : il fait entrer une femme dans une boîte, qu’il transperce de sabres de toutes parts, puis lorsqu’il ré-ouvre la boîte, la femme a disparu. Ensuite il referme la boîte, retire les sabres un à un et la femme doit réapparaître… théoriquement. Car ce jour là, son assistante Martine Portal a bel et bien disparu et le tour est donc complètement loupé. Dès le lendemain, le commissaire Raffini est sur l’affaire. Il interroge les artistes du cabaret, s’intéresse au mécanisme de trucage du tour, fait fouiller l’appartement de la demoiselle… Il s’agace notamment du peu d’intérêt que montrent ses collègues pour la vie personnelle de Martine. Finalement, à force de menace et de poigne, il obtient une liste de noms de clients avec lesquels l’assistance du prestidigitateur a été dernièrement aperçue. La fillette du concierge témoigne aussi d’avoir croisée son amie Martine au moment de sa disparition : elle se sauvait de son plein gré et lui a même offert une bague. C’est alors qu’on retrouve le corps de Martine dans une forêt, avec deux balles dans le cœur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Lapin bleu, réédition par Desinge & Hugo & Cie du tome 9 de la série Commissaire Raffini, se présente comme une enquête policière classique de chez classique. Le flic Raffini est de la trempe des commissaires Maigret, Derrick ou Bourrel (Les cinq dernières minutes) : triste d’allure, blasé aux macchabées, mais professionnel, consciencieux et logiquement toujours victorieux au terme de ses enquêtes. Ici, le problème vient d’un tour de magie de cabaret qui a trop bien fonctionné : la femme qui disparaît a vraiment disparu. Et pour cause : on la retrouve assassinée. Par le truchement de son héros, le scénariste Rodolphe déroule donc une enquête tout aussi méticuleuse qu’efficace. Le milieu particulier où s’est perpétré le meurtre permet en outre au dessinateur Christian Maucler de prendre comme décorum le Paris nocturne et sexy des années 50. Son dessin réaliste en couleurs directes est une nouvelle fois de toute beauté et parfaitement à l’aise en toute situation. L’éditeur Hervé Desinge est donc bien inspiré de rééditer cette série : à l’heure où, pour se faire remarquer, les auteurs rivalisent avec plus ou moins de bonheur d’inventivité ou d’originalité, un bon vieux polar classique, efficace et virtuose, ça fait rudement du bien. En attendant l’enquête inédite, L’inconnue de Tower Bridge, promise pour cette année 2012…