L'histoire :
Sur une route qui le mène de la Normandie vers Paris, le commissaire Raffini propose à son collègue de faire un détour par la maison de retraite où séjourne son vieil oncle André. Il doit bien avoir 80 balais au compteur, à présent, mais Raffini n’en est plus très sûr : il ne passe le voir qu’une fois tous les 3 ans, environ. Cependant, la secrétaire à l’accueil lui dit qu’André est parti il y a maintenant 3 semaines, pour vivre « chez un ami », monsieur Victor. Raffini trouve cela d’autant plus étrange qu’un peu plus tard, il a la surprise de reconnaître dans la vitrine d’un antiquaire du patelin, une des toiles peintes par le vieil oncle. Jamais André ne se serait séparé de sa collection, et encore moins de son chevalet, que Raffini rachète au commerçant. Le commissaire commence à suspecter une affaire tragique et raccompagne son collègue à la gare la plus proche, pour mener son enquête sur place. Il apprend qu’effectivement, André a été aperçu se promenant avec un petit homme d’une cinquantaine d’années. Il fouille notamment la maison louée par le mystérieux Victor et retrouve des gouaches et les lunettes d’André à la poubelle. Ses craintes d’une escroquerie macabre se confirment lorsqu’on lui apprend que le compte en banque d’André vient d’être soulagé de sa pension mensuelle de retraite. Car André n’est pas le seul petit vieux à avoir disparu d’une maison de retraite des environs, sans être officiellement déclaré mort…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La troisième enquête du Commissaire Raffini, rééditée dans le désordre par Desinge & Hugo & Cie (le tome 7 dans son édition originale de 1999 chez Néo éditions), est sans doute aussi l’une des plus crédibles et des mieux ancrée dans la France des années 60. Cette histoire de tueur en série, qui assassine les petits vieux en toute discrétion pour récupérer leurs pensions de retraites, sonne incroyablement juste. C’est bien simple : on croirait cette histoire adaptée d’un fait divers réel ! Le scénariste Rodolphe parsème l’enquête méthodique de son héros bourru (mais perspicace) d’indices pertinents, qui lui permettent de remonter jusqu’au tueur. Et de manière toute aussi réaliste, celui-ci n’est pas le méphistophélique boucher insaisissable que nous montrent habituellement les thrillers américains : c’est juste un vénal et minable quinqua, bedonnant et aux abois (on ne trahit rien : on le voit à l’œuvre dès la première planche). Voilà donc ce qu’on peut qualifier d’un bon petit polar jubilatoire : une problématique sordide, un contexte crédible, une enquête méthodique et… élégamment illustré, à l’aide d’un style réaliste en couleurs directes, par Christian Maucler. La bonne nouvelle, c’est que Desinge va poursuivre la réédition intégrale de cette série policière particulièrement convaincante… et que de nouvelles enquêtes inédites sont même en cours de réalisation (le tome 11, L’inconnue de Tower Bridge, est annoncée pour le début 2012).