L'histoire :
La journaliste Claudia Christiani est en Amazonie, en reportage vidéo pour la NCC TV. Sur la piste qu’elle emprunte, son 4x4 est toutefois arrêté par une gracieuse jeune femme en tenue de gaucho, qui semble en difficulté. Elle est en effet poursuivie par un couple qui tente par tous les moyens de lui administrer une « infusion »… par lavement annal ! En fait, aussi étrange que cela paraisse, cette infusion déclenche chez cette dernière un don de prescience pour trouver des pépites d’or… Tout en se débattant pour la forme, la demoiselle finit par subir le traitement, sous les yeux de Claudia, choquée, puis elle s’enfuit nue, à la nage. Elle est repêchée par un bel inconnu, qui ressemble à James Dean et qui suit discrètement Claudia, en moto. Celui-ci dispose d’un boîtier qui permet de déclencher l’excitation ultime chez Claudia. Il fait monter la jeune femme en croupe derrière lui et poursuit sa filature. Claudia et son équipe s’arrêtent alors près d’un ponton, où une barque propose la traversée vers un étrange dôme en forme de coquille d’escargot, sur une île. A l’intérieur, une secte érotomane rassemble des centaines de fidèles autour d’un « thaumaturge » qui les incite à se maintenir en un état pré-orgasmique permanent, afin de dégager une quantité d’énergie maximale…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous un premier angle, le scénario de ce troisième opus peut paraître sommaire, juste un prétexte à aligner des situations « érotisantes », souvent abracadabrantes. En effet, les situations se présentent régulièrement incongrues, à l’image de cette « infusion » inoculée par lavement annal et qui procure un don de voyance. Ou encore, ce bâtiment en forme de coquille d’escargot géante (la symbolique de l’escargot, dans la libido, est lourde de sens…), au beau milieu de l’Amazonie, où les centaines de fidèles d’une secte se maintiennent en un état orgasmique permanent (sympa, comme idée !). A vrai dire, on a le sentiment au début que Manara part complètement en vrille, oubliant que le titre de son bouquin est le Déclic. Car il s’agit bien de caser quelque part le fameux boîtier déclenchant l’excitation ultime chez Claudia. Ouf, il finit par boucler dessus, presque in extremis, dans un rebondissement qui tient du fantasme onirique masculin, pur jus (c’est une expression). En réalité, la libido exacerbée artificielle de Claudia n’était pas vraiment nécessaire ici, vue que par définition, 100% des créatures que l’on croise sont des bombasses ouvertes à toutes les expériences… et sous les crayons de Manara, virtuose incontestable des-courbes féminines affriolantes, les effets sont garantis. Sur un plan « macroscopique », le rythme du scénario se montre néanmoins plus intéressant : Manara se joue des situations avec son lecteur, comme un amant retiendrait son éjaculation, pour faire durer le plaisir et se maintenir au stade pré-orgasmique. C’est habile, on n’en attendait pas moins de la part du maître de l’érotique.