L'histoire :
Encore inconsciente, allongée dans une mare entourée de cochons, l'esprit de Bessie se retrouve quelques années plus tôt lorsqu'elle était une élève pilote dans l'escadrille Caudron, dans le petit port de mer du Crotoy. Ses collègues de l'époque étaient de bons soldats français amateurs de saucisson, grandes gueules qui aimaient prendre du bon temps entre deux épreuves à bord de leurs avions. Mais ils étaient tous admiratifs de la jeune américaine qui montrait une telle envie de devenir pilote qu'elle avait franchi l'atlantique pour s'affranchir des interdictions que son pays de naissance opposait à sa couleur de peau. Lorsque l'avion le plus difficile à piloter lui est attribué pour son épreuve finale, elle va prendre ce qui ressemble à une injustice comme un défi personnel, qu'elle va relever. Quelques années plus tard, c'est une grand-mère et sa petite fille noire qui s'occupe d'elle, tentant de comprendre ce qui lui est arrivé, et pourquoi elle cache une arme à feu dans un carton à chapeau. C'est un mauvais rêve qui va la réveiller. Elle va prononcer le prénom d'un des soldats français, et le nom de l'avion qu'elle a réussi à dominer pour obtenir ses galons de pilote. Mais il y a plus urgent désormais : retrouver les traces des membres du Ku Klux Klan qu'elle avait tenté de suivre en s'accrochant à l'arrière de leur voiture.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On poursuit les aventures de Bessie, jeune femme courageuse qui affronte le Ku Klux Klan tout en ayant mis ses talents de pilote au service de la mafia et du trafic d'alcool. Le rythme ne change pas avec des allers-retours constants entre le présent face au KKK et le passé au milieu des pilotes français. Yann raconte à nouveau une histoire d'aviation avec un personnage fort en gueule, inspiré de la vraie vie d'une pilote noire américaine des années vingt. Le scénariste est un passionné du sujet. En transformant Bessie en femme qui lutte, pistolet au poing, face au KKK, il injecte ce qu'il faut pour un récit grand-public, tout en laissant la place aux incontournables images d'avions prêts à décoller ou carrément dans les airs. Car comme d'habitude, la partition graphique d'Alain Henriet et les couleurs riches et contrastées d'Usagi font le show, et permettent d'oublier un scénario parfois un peu facile. On peut en effet regretter qu'après déjà trois tomes, on ne connaisse toujours pas plus notre héroïne, si ce n'est sous sa carapace de femme forte qui évacue rapidement tout moment d'émotion. Mais on ne changera plus Yann, qui fait toujours preuve d'autant de savoir-faire, en très bon mécano qui sait faire tourner les rouages d'une histoire dessinée. Ceux qui aiment aimeront, et ceux qui n'étaient pas fans de Yann avant, ne le deviendront pas ici.