L'histoire :
Sur une île au large de Terre Neuve, un biplan noir réussit à déjouer la vigilance des garde-côtes et à se poser pour prendre livraison de caisses de cognac et de champagne en provenance de France. Nous sommes en pleine prohibition sur le territoire américain, la transaction a été organisée par Al Capone lui-même. Pour assurer son chargement, il a fait appel à Bessie, une des pilotes les plus réputées du moment. Une jeune femme pleine de caractère, métisse d'un indien et d'une afro-américaine. Il aura fallu des années de détermination à la gamine qui vivait dans la pauvreté avec sa maman pour réaliser son rêve et devenir aviatrice. Elle se souvient encore du jour où elle a vu un aéroplane gris se poser en urgence dans la neige. Mais lorsqu'elle a apporté à sa mère le prospectus que le jeune pilote blond lançait au dessus des habitations, elle l'a vue le jeter immédiatement dans son fourneau. Il s'agissait d'une campagne de recrutement pour le Ku Klux Klan. Le mouvement raciste et suprématiste blanc était alors à son apogée, et pour la jeune fille de couleur aux cheveux crépus, ce fut le début d'une prise de conscience qui la conduira à des actions radicales.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Goddam, bullshit, Jeezus, what the hell, bloody cow, holy bones, dammit ! Et bien d'autres... On se demande si Yann n'a pas inventé lui-même des expressions américaines pour pimenter les dialogues du premier épisode de sa nouvelle série. De manière assez peu légère, pour tout dire, le tout mélangé avec une sorte de parler populaire qui sonne terriblement français par ailleurs, et donne notamment « For Christ's sake, les gars, j'crois qu'on a commis une sacrée bourde ». Pourtant, c'est bien du côté d'Al Capone et du trafic de booze qu'on se situe, et pas dans un film policier français des années cinquante. L'aventure de Bessie ne fait que commencer, avec tout ce qu'il faut de flashbacks vers l'enfance de la femme pilote, et la mise en place de sa rivalité avec le Ku Klux Klan. Le duo Yann-Henriet est désormais éprouvé. Leur goût pour les personnages féminins et forts et pour les avions a déjà été mis en scène dans Dent d'Ours. Difficile, pourtant, à ce stade, de s'emballer. Il ne se passe pas encore grand-chose, seule la postface permet de comprendre qui était Bessie Coleman, l'aviatrice qui a inspiré le scénariste. Henriet continue son chemin de dessinateur réaliste précis et énergique, même s'il lui manque quelques scènes d'action pour s'exprimer pleinement. On ne doute pas que cela va arriver dans les tomes à venir et que Bessie va avoir l'occasion de prouver sa force de caractère et son talent de pilote. Et s'il y avait par dessus tout cela une histoire d'amour impossible, on ne serait pas surpris non plus.
