L'histoire de la série :
Ingmar, frêle viking et néanmoins fils de chef, a décidé de prouver son aptitude à succéder à son père, sur le trône de son village. Pour cela, il s’est embarqué avec son frère Epson et une poignée de guerriers sauvages et sanguinaires, en route pour une campagne de pillages, saccages, viols et autres réjouissances. Son credo : faire prévaloir son intellect sur la barbarie béotienne du frangin…
L'histoire :
Le frêle Ingmar est le seul viking à rester au village, lorsque les autres guerriers partent sur leurs drakkars pour de longues campagnes de pillages. Il gambade dans les herbages, chasse le macareux, s’occupe des femmes (!) et garde les enfants, leur racontant les exploits d’un « autre » Ingmar, le plus grand de tous les vikings… Régulièrement, les hommes rentrent fiers de leurs expéditions, narrant leurs exploits en s’abreuvant du sang de globicéphales (sauf Ingmar qui ne supporte pas la vue du sang). Le jeune viking retrouve alors son frère cadet Epson, qui est aussi costaud qu’Ingmar est chétif, aussi courageux qu’Ingmar est pleutre, mais aussi crétin qu’Ingmar est rusé. Un jour, l’assemblé du Thing (les sages du village) décide qu’il est temps pour l’un des deux frères de succéder à leur père, le godhi (chef) Patrüll. Depuis un mauvais coup de hache sur le crâne, ce dernier a en effet la vivacité d’une huître. Or, si Ingmar et Epson n’ont pas le même potentiel guerrier, ils ont néanmoins la même légitimité. Il est alors décidé que les vikings décideront d’eux-mêmes à l’issue d’une nouvelle expédition, lors de laquelle les deux frères devront prouver lequel est le plus intelligent et le plus valeureux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prenons l’un des peuples les plus barbares qui soit : les vikings (ça aurait tout aussi bien pu être les huns). Sauvages, aventuriers, primitifs. Introduisons-y un élément particulièrement inadapté : Ingmar. Un garçon gentil, couard, délicat. La nouvelle recette humoristique d’Hervé Bourhis et Rudy Spiessert commence fort bien… Autour du bon vieux thème de la plume et de l’épée (vaut-il mieux être une brute écervelée ou un minable intelligent ?), Bourhis tisse une aventure subtile et rigolote, non dénuée d’une certaine véracité historique. Graphiquement, Spiessert livre le même type de dessin moderne et stylisé que pour le Stéréo Club, l’autre série du tandem dans la collection cousine Poisson pilote (Dargaud). Certes, ce premier épisode compose avec quelques raccourcis bien pratiques (une bible de moine copiste au temps des vikings ?), ou quelques incohérences (tombé à l’eau à côté de la banquise, Ingmar est repêché dans une zone au climat tempéré). Mais la puissance des dialogues, très contemporains, fait mouche et le plaisir de lecture est réel. « Ne me regarde pas comme ça, toi. J’y suis pour rien si le viking est sanguinaire ! »