L'histoire :
Le 16 mai 1809, le colonel Lejeune rejoint le général Masséna à son nouveau QG de campagne, dans les environs de Vienne. La région est fraîchement occupée par la grande armée de Napoléon 1er et l'empereur compte profiter de la dynamique générée pour poursuivre immédiatement l'offensive. Dans cette optique, un pont flottant doit être construit en urgence sur le Danube pour permettre aux français d'attaquer l'archiduc Charles avant qu'il ne reçoive des renforts. Cependant, 800 mètres de pont flottant, cela demande une logistique d'enfer : 80 bateaux, 9000 madriers... Les généraux s'arrachent les cheveux, mais se mettent en quatre pour décrocher l'impossible. Le message transmis, Lejeune rejoint ensuite son ami écrivain Henri Beyle (alias Stendhal) en plein centre de Vienne. Ensemble, ils évitent que les soudards de la grande armée de pillent la demeure bourgeoise de Mademoiselle Krauss. Stendhal et Lejeune, artiste peintre à ses heures, partagent en effet le même romantisme exacerbé... et les charmes de l'autrichienne chez qui ils se sont installés, ne laissent ni l'un ni l'autre indifférents. Quatre jours plus tard, un pont est en place jusqu'à l'île Lobau, qui va servir de base arrière aux troupes. La construction d'un second pont est aussitôt mise en branle de l'autre côté de l'île... tandis que les autrichiens envoient des radeaux-béliers détruire le premier !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La bataille dont il est ici question, c'est celle d'Essling, en Autriche, en l'année 1809 des conquêtes napoléoniennes. Elle fut l'une des premières grandes hécatombes de la guerre moderne : 45 000 morts en 2 jours, sans compter les dizaines de milliers de blessés et d'estropiés. Elle reflète sans doute au mieux la folie expansionniste d'un Napoléon en pleine bourre. En tous cas, elle subjugua Honoré de Balzac qui, dès les années 1820, avait ambitionné d'en tirer le plus épique des romans. Balzac l'a rêvé, Patrick Rambaud l'a fait et Frédéric Richaud l'a adapté en BD. En effet, du roman de Rambaud récompensé par un prix Goncourt en 1997, Richaud extrapole une adaptation magistrale. Rien ne manque à ce premier tome : ni le rythme narratif, ni la rigueur historique, ni une pointe d'humour dans les comportements des hommes... Et encore moins le talent et l'impressionnant labeur mis en branle par Ivan Gil pour mettre en scène ces scènes de combats dantesques. Précisions des costumes, respect des caractères authentiques, vastes mouvements de troupes, plans panoramiques éblouissants : les auteurs se sont donnés les moyens de faire vivre aux lecteurs une bataille démentielle, du genre hors budget au cinéma. Certes, vue l'ambition et la référence didactique annoncées, il faudra juger la trilogie annoncée dans sa globalité. Mais le niveau d'exigence graphique, historique et narratif affiché dès cette entame nous augure du meilleur !