L'histoire :
L’empereur vient d’ordonner un repli sur Essling. Il s’agit de faire lentement afin de tromper l’ennemi Autrichien. Le Maréchal Lannes enrage ; la victoire était proche. Cependant, il promet de faire de ce repli un modèle du genre. Pendant ce temps, les ordres étant les ordres, il faut tenir sur le champ de bataille pour protéger la retraite des hommes sur l’Île. Les hommes sont épuisés physiquement et moralement. Certains tentent même de mettre fin à ce cauchemar en se tirant dessus. Les chevaux ne vont pas mieux. Un nouveau rassemblement est sonné. La charge démarre. Déjà les boulets volent. Une tête explose. Fayolle, son voisin de chevauché craque. Il stoppe net sa monture, descend de cheval et s’allonge, ignorant le tumulte et le désordre qui règne autour de lui. Quelques centaines de mètres plus loin, l’empereur observe. Sa garde rapprochée lui conjure d’aller se mettre dans un lieu plus sûr. Un émissaire arrive au galop : Masséna a repris Aspern. Bonaparte ordonne que son propre état-major aille le soutenir en dirigeant sa garde en guise de troupes. Il envoie aussi Dorsenne et la vieille garde pour soutenir Lannes. Bien qu’il sache que les victoires ne tiennent à rien, il ne veut rien laisser au hasard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est assurément une période faste pour Napoléon qui voit nombre de BD faisant honneur à son Histoire pousser dans les bacs des libraires comme du chiendent. Adapté par Frédéric Richaud du roman éponyme de Patrick Rambaud, qui lui a valu le prix Goncourt, La bataille sort nettement du lot. Avec un dessin hautement détaillé d’Ivan Gil et une mise en couleur absolument grandiose d’Albertine Ralenti, ce triptyque extrêmement documenté hume le chef-d’œuvre à plein nez, tant la qualité est au rendez-vous sur tous les plans. Ce troisième et dernier tome conclut sur une fin de bataille interminable, avec une plaine recouverte de cadavres et des villages en ruine. L’accent est mis sur la fatigue des soldats qui n’en peuvent plus de voir et de commettre des atrocités, et qui utilisent le peu d’humanité qu’il leur reste pour en finir. On admire la bravoure des maréchaux et autres archiducs qui trouvent encore l’énergie pour y croire et sonner encore et encore la charge pour cet homme qu’ils admirent tant, l’empereur. L’horreur et l’absurdité surprennent avec une mise en contraste du tout Vienne qui, à quelques kilomètres de là, observe et commente la bataille-spectacle. Pour les uns, elle impressionne ; pour les autres, elle manque de réalisme. Alors, on fait la fête, on va au théâtre, on fait l’amour. Bref, la vie continue. Peut-être le lecteur ressentira-t-il une petite déception sur les dernières pages de cette œuvre magnifique. Il est en effet bien difficile de palper la transition vers une fin marquée que tout lecteur attend… Mais y en a-t-il eu vraiment une ? Ni vainqueur, ni vaincu, cette Bataille pousse le réalisme jusqu’au bout. Bonne nouvelle : les auteurs se sont déjà attelés à la transcription BD d'un autre épisode napoléonien, encore adaptée en trilogie de Rambaud, qui s'intéressera cette fois à la catastrophique retraite de Russie...