L'histoire :
Quelque part dans une clairière isolée du bayou, en Caroline du sud et au début du XVIIIe siècle, Conrad, aventurier, et Harriet, fille d’un riche planteur, se marient en secret. Un prêtre, quelques témoins de confiance, et les tourtereaux radieux enterrent leurs alliances, jurant de venir les rechercher plus tard. Pourtant, un espion a observé la scène. Il attend que tout le monde soit parti, déterre les alliances et les présente, pour preuve de cette union, au vieux Lord Somerset. Celui-ci entre dans ne rage noire et appelle son homme de main, Gallagher. Il lui demande de retrouver sa fille, pour lui annoncer qu’il l’envoie de force au couvent et qu’il la déshérite. S’exécutant immédiatement Gallagher retrouve Harriet dans une taverne de Charles Town, où les jeunes mariés fêtaient leurs épousailles. Une dispute éclate, Conrad s’enfuit et Gallagher ramène la belle au bercail. La nuit même, Harriet boute le feu à la villa paternelle et s’enfuit retrouver Conrad. Tous deux embarquent alors sur un vaisseau en direction de New Providence, où Conrad annonce à sa moitié connaître l’emplacement d’un fabuleux trésor. Mais la météo ne présage rien de bon… Le lendemain, alors que l’incendie est maîtrisé, Somerset met de l’ordre dans ses affaires. Il reprend ses quartiers à l’intérieur de sa villa en ruine et fait pendre les témoins de mariage de sa fille, à l’entrée de son domaine. La nuit suivante, tandis qu’une tempête s’abat sur le navire de Conrad et d’Harriet, le terrible pirate Robert Murdoch rend une petite visite à Somerset…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout a commencé en 1980, par un coup de téléphone de Roman Polanski à Hermann, lui demandant de réaliser le story-board de son prochain film, Pirates. L’essai fut concluant et donna naissance à la truculente séquence d’ouverture du film (les 4 planches sont présentées dans le dossier annexe de l’édition spéciale de ce premier tome). Bien des années plus tard, Yves H., scénariste de BD et fils de ce diable de dessinateur, exhume ces esquisses d’un carton et prend conscience que la virtuosité graphique de son père se marierait tout de même sacrément bien à l’imaginaire des pirates… Il n’en fallait pas plus pour que le père et le fils se lancent dans un diptyque fleurant les embruns, la carte au trésor, la jambe de bois et un baril de rhum ! Néanmoins, le scénariste a l’intelligence de brouiller les pistes et les genres, en présentant des personnages et évènements certes très typés, mais aux desseins encore bien troubles. Notamment, Yves H. fait graviter l’intrigue autour du personnage central et charismatique du capitaine pirate Robert Murdoch, « monstre » imaginé sur le modèle du sanguinaire Barbe Noire. Plus terrible encore : il paraîtrait que le second tome mettra le cap dans les eaux des vampires… Faut-il y voir l’influence d’un certain Jack Sparrow, qui remit récemment la flibusterie au goût du jour ? Plus certainement, le scénariste a été durablement marqué par sa récente trilogie Dracula ! Qu’importe, les auteurs n’ont que faire des terreaux éditoriaux et se lancent à contre courrant dans cette aventure diablement piquante et prometteuse. Graphiquement, on a déjà vanté en long et en large la « Hermann’s touch », tout en couleurs directes, en précision et en élégance, alliage précieux de la spontanéité et de la rigueur, du talent naturel et du travail acharné (ceci doit être son 101e album !). Un nouveau bonheur, qui sera assurément réitéré dans un second et dernier tome à venir…