L'histoire :
XVIIIe siècle, Caroline du Sud. Conrad, un aventurier, et Harriet, la fille d’un riche planteur, partent à la recherche d’un trésor, tandis que le père d’Harriet pactise avec le fameux pirate Robert Murdoch, surnommé le diable des sept mers. L’Iguane, un autre forban, dérobe à Murdoch un coffre contenant sa fortune. Après une bataille navale, les anglais capturent le diable et ses hommes. Murdoch a la tête tranchée et son équipage est pendu. A l’aube, les corps se volatilisent ainsi que le navire du pirate : il est pris en chasse par les anglais. L’Iguane ouvre le coffre et y découvre des contrats sans valeur. Après le naufrage de son navire et la mort d’Harriet, Conrad se réveille amputé d’une jambe. Il a le teint blafard et inquiétant d’un homme malade. Condamné à être brûlé sur une île, il est sauvé de justesse. Pendant ce temps, l’Iguane est recueilli par un navire britannique et pendu. La nuit, semblable à une revenante, Harriet entraîne un marin dans les flots. C’est le moment attendu par les pirates de Murdoch pour attaquer les habits rouges. Supérieurs en nombre, les anglais pensent ne faire qu’une bouchée des pirates, mais ces derniers ont prit l’apparence de zombies indestructibles et écrasent l’ennemi. Le sort qui leur est réservé sera terrible…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A nouveau pour conclure cette aventure, le scénariste Yves H. (H. pour Huppen) s'inspire largement des récits fabuleux de piraterie. Robert Murdoch, c’est Barbe et Noire et Long John Silver à la fois, soit l’archétype du pirate dans toute sa splendeur. Dès lors, tous les clichés y passent : chasse au trésor, abordages sanglants, indiens cannibales, requins mangeurs d'hommes, superstitions, île déserte, soif d'or… et de rhum ! Le découpage est soigné et rythmé, les séquences s’enchaînent avec rapidité et souplesse, les personnages sont bien typés, les dialogues sont ciselés mais manquent tout de même un peu d’humour. Le scénario est bien construit et bourré de rebondissements, jusqu’au dénouement, surprenant, qui explique comment Murdoch est devenu pirate. Hermann (lui aussi, Huppen), qui a travaillé sur le film Pirates de Roman Polanski, illustre cette histoire avec un talent fou. En couleurs directes, il plante des décors époustouflants et n’a pas son pareil pour dessiner des trognes patibulaires. L’ambiance est macabre à souhait, le cadre, les paysages, les navires sont rendus de façon superbe, avec un grand souci de documentation. En outre, ce diptyque se nourrit du revival actuel pour la piraterie. Certes, de tous temps, les pirates ont largement inspiré la BD, à commencer par Tintin (Le secret de la licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge), Barbe Rouge (Charlier et Hubinon) ou Barbe Noire (Remacle) ? Au cinéma, la mode a été récemment relancée par Pirates des Caraïbes, Spielberg va tourner Tintin et le secret de la licorne et Kevin Costner va combattre Barbe Noire dans Ocra Coke. Si vous n’avez pas peur des revenants et des batailles sanglantes, au-dessus de flots infestés de requins, prenez le large avec ce diable : vous ne le regretterez pas!