L'histoire :
Il y a d’abord ce patient phobique : transpirant, sentant son estomac se nouer à la vue des courbes rondes d’un melon. Pour combattre le mal par le mal, b-a-ba de la thérapie, le Dr Médard s’empresse d’aller acheter le spécimen coupable… pour s’apercevoir à son retour que le soi-disant malade s’est fait la malle avec la recette de la journée. Pas facile, alors, de passer pour parfaitement sain d’esprit devant épouse et policier en expliquant qu’on a laissé son patient seul pour courir acheter un melon… Ensuite, un barman qui refuse de servir le moindre psy pour éviter de replonger dans cette terrible addiction de thérapie qui l’a conduit jadis à deux doigts du suicide. Et puis les collègues… L’une qui se dit perturbée par les confidences d’une patiente souffrant du manque d’intérêt que lui porte son fiston. L’autre qui voudrait le convertir à l’interprétation des rêves comme principale méthode de thérapie. La première n’est en fait que le simple messager de sa maman. Le second n’a pas mesuré le méli-mélo de son procédé à vouloir décrypter les balades tordues de leurs patients chez Morphée. Alors si avec tout ça, notre bon vieux Dr Médard n’a pas besoin d’une grosse tartine de vacances trempée dans un bol rempli de soleil… Mais même plongé dans l’eau limpide et salée, le sympathique psychanalyste ne peut s’empêcher de sortir calepin et crayon pour torturer le moindre maillot de bain.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Des Psys au front dégarni ou, selon le modèle, au chignon strict et aux lunettes cerclées d’acier, dégainant bloc-notes et stylo billes dés la première complainte de leur patient, constituent le support humoristique servi ici, de planche en planche, par Maitre Cauvin. En lorgnant sur l’énorme bibliographie de ce scénariste qui sévit depuis plus de 40 ans (Cédric, Les tuniques bleues, Les femmes en blanc, Pierre Tombal…), on comprend que les moindres anecdotes qui jalonnent son quotidien sont exploitées en une machine remarquablement huilée. El le résultat est là : bien que de qualités inégales, les situations comiques remplissent leur contrat en une impeccable relaxation de l’esprit. Certes, un 16e opus laisse le goût pâteux du déjà-consommé, mais on y trouve simplement ce que l’on est venu y chercher : de la détente pour une lecture facile, loin des prises de têtes intello. De la caricature et du cliché en veux-tu en voilà, mais une vraie lecture de vacances en tout cas… Le dessin de Bédu remplit son office en ayant la bonne intelligence de ne pas exagérer la caricature et se trouvant fort habile à détailler les expressions du visage. Un album à mettre, incontestablement, entre toutes les mains, mais qui fera plus facilement mouche chez un premier lecteur de la série.