L'histoire :
C’est jour de Grand Prix de Formule 1. Et pourtant, au domaine de La Jonquière, fief du célèbre constructeur automobile Henri Vaillant, aucun des postes de télévision n’a de spectateur. La famille est pourtant réunie, mais la firme traverse une période de vache maigre lui interdisant tout budget sportif. Regarder les compétitions est donc devenu un véritable crève-cœur. Le plus gros de la crise semble cependant passé, mais la reprise est encore timide. Sous l’impulsion de Jean-Pierre, l’entreprise se fait donc un devoir de multiplier les partenariats pour créer un réseau viable, en particulier sur le marché asiatique. Et si cette idée est encore embryonnaire, il en est une qui est sur le point de se concrétiser. Une qui pourrait bien permettre à Michel de ne plus ronger son frein et libérer ses doigts des fourmis affamées de volant. La société automobile Vaillant est en effet sur le point de signer un partenariat avec la multinationale Slate Corporation qui regroupe plusieurs marques prestigieuses. Cet accord prévoit la participation pour deux saisons du team Vaillant dans le championnat du monde de voiture de tourisme, le WTCC. Et si tout se passe bien, un retour également en F1 dés la saison prochaine. En complément, l’entreprise a également l’idée de réaliser, via ce partenariat, la construction d’un moteur électrique. Mais ça, Henri Vaillant ne veut pas en entendre parler : pas question qu’une de ses automobiles fasse le bruit d’un moustique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En plus d’un demi-siècle dans les paddocks du 9éme art et avec quelques 70 albums à son actif, un dessin animée, une série télé et un film, Michel Vaillant s’est imposé comme l’une des figures incontournables de la bande dessinée. Pourtant, depuis 5 ans, il boudait les circuits, laissant à d’autres (Grand Prix, Chapman, Ring, Zone Rouge, Les enquêtes auto de Margot…) le soin d’occuper cet asphalte de papier. C’est pourquoi, en signant ce retour espéré, le pilote et son écurie étaient copieusement attendus au virage. Un nouveau team étoffé – du scénario à la couleur – de 6 paires de mains et un souffle de modernité conjuguant changement et continuité permettent au premier tour de chauffe de cette « nouvelle saison » de marquer ses premiers points. Tout est là qui a fait le succès de la série : un beau héros impérial, le volant entre les mains ; des séances de courses royalement mises en scènes (avec les gros VROOAAR et la voix-off « adrénalitique » du speaker) ; l’univers chic et la composition familiale archétype ; un petit suspens sertissant une intrigue simple mais ficelée. Au-delà, pourtant, on sent déjà la volonté de donner un peu de relief à l’ensemble. Peut-être pour gommer l’image lissée de la série qui, au fil du temps, lui avait fait perdre un peu de crédibilité. Ainsi, pour épines, les scénaristes usent du contexte économique actuel, s’amusent à fendiller la carapace du beau héros (mais que fait donc cette main féminine p.37 ?) ou bouleversent les schémas familiaux avec ce fils en pleine rébellion. Et si tout cela se met doucement en place (le récit ne se déroule plus sur un seul opus), on sent tout de même un énorme potentiel capable de combler tout autant les aficionados que les nouveaux venus. Le pari est réussi qui, à l’instar de l’excellente partition graphique en tandem (Marc Bourgne pour les personnages et le storyboard et Benjamin Benèteau pour les décors et les sublimes voitures) relève le défi du changement.