L'histoire :
Dodji, Leila, Terry, Yvan et Camille ont été séparés par des évènements tragiques. Dodji est de retour à Fortville, en compagnie du maître-fou, un puissant mage qui joue cruellement avec lui, le traquant, le frappant et l’enfermant dans des prisons immatérielles. Leila et Camille ont quant à elle chacune été « tuées » à l’arme blanche ! Récupérée par Toussaint et Saul, Leila plongée dans un sommeil sans rêve est enfermé dans une morgue de Néosalem, une section spéciale qui l’empêche de ressusciter. Re-mort noyé dans un lac gelé, Yvan ressuscite esseulé dans un marais salant breton. Que fiche-t-il ici ? Terry, accompagné par le maître des couteaux, est descendu de la montagne jusqu’à une ville importante. Il y découvre avec une immense joie un salon du jouet rien que pour lui, visiblement organisé pour les fêtes de Noël. C’est tellement chouette qu’il ne sait pas par quoi commencer à jouer. A la vue d’un mannequin de Frankenstein, il imagine alors construire une machine à « démourir », pour faire revenir à la vie ses amis morts. A partir d’un principe magique un peu fou, des jouets qu’il trouve et d’un peu de scotch, il se lance dans la construction de cette machine. Lorsque soudain, réapparait Camille ! Sa présence ne semble pas réjouir le maître des couteaux, qui recouvre sa folie psychopathe. Hélas, Terry venait juste de lui offrir une tronçonneuse pour son « Noël »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rappelons les bases de Seuls, pour bien comprendre le périmètre du contexte : des enfants sans le moindre adulte se retrouvent dans un monde parallèle collectif, visiblement situé dans la seconde qui précède leur mort individuelle. Cet univers qui ressemble au monde contemporain est régi par une organisation sociale de castes, des évènements fantastiques inexpliqués se produisent, des guerres sont redoutées et, bien entendu, ils ne peuvent pas (re)mourir. Rien ne sert de s’émouvoir, donc, lorsqu’au tome précédent, on quitte Leila avec un carreau d’arbalète en plein cœur, lorsque Yvan coule dans un lac gelé ou que Camille prend une épée en travers du bide. A part Leila qu’on aperçoit à peine, les deux autres reviennent bel et bien dans ce tome 10, qui débute un troisième cycle. Dodji, quant à lui, demeure la proie du « maître-fou », pervers narcissique très puissant, sans visage et à tunique rouge, qui le fait tourner en bourrique. En fait, ce 10ème opus focalise plus largement sur Terry, le plus jeune des enfants, qui se retrouve esseulé dans un génial salon du jouet. Sa jeunesse d’esprit le pousse à des activités ludiques et des réflexions simples. L’épisode est donc plus fun, malgré la traque qu’exerce son ancien ami pas très stable psychologiquement, le maître des couteaux, une tronçonneuse à la main (cf. la couverture). L’ensemble se laisse donc lire de manière fluide et accrocheuse, même si on ne pige toujours pas où le scénariste Fabien Vehlmann nous emmène, par ces moult sentiers détournés et bizarres. Malgré un retour à Fortville, la ville du début, il sépare ses héros, insuffle une ambivalence irrémédiable dans les premiers (Camille, le maître des couteaux) et plonge les seconds dans des impasses mortifères démentes (Dodji, Leila). Bruno Gazzotti assure quant à lui la partition graphique attendue, c’est-à-dire expressive, dynamique et plus colorée que d’ordinaire (en raison du salon du jouet). Signalons enfin que les amateurs du premier cycle courront au cinéma à partir du 8 février, pour en voir l’adaptation réalisée par David Moreau ! La bande annonce est prometteuse…