L'histoire :
Saul, soi-disant élu du bien et Imperator auto-proclamé de la 3ème famille de Néosalem, s’entraine une énième fois à jouer avec des pouvoirs de télékinésie… qu’il n’a pas. Les sages se perdent en conjectures quant à son statut d’élu, mais ils redoutent avant tout le conflit des limbes. Tous les signes annonciateurs d’un chaos belliqueux sont réunis. Les doutes des sages n’empêchent pas Saul de gouverner avec autorité. Il ordonne le retour à la discipline et décide de l’organisation de nouveaux jeux, plus intenses que les précédents, afin que chaque enfant de Néosalem puisse prouver sa valeur. Anton décide alors de faire échapper Leïla, avant qu’elle ne serve de martyr à Saul lors de ses jeux. Car la nouvelle règle décidée par Saul, est la mort systématique des perdants ! En contrepartie, leur renaissance au sein de la 7ème famille leur permettra de retenter leur chance une prochaine fois, afin d’entrer dans la 6ème famille… et ainsi de suite. L’arène est pleine de spectateurs pour accueillir les candidats au premier jeu de… colin-mitraille, auquel Leïla est forcée de participer. La règle est basique : les concurrents doivent atteindre le sommet d’une colline située au centre, tandis qu’un enfant déchu avec les yeux bandés les canarde à la mitrailleuse. Hélas, le monticule est aussi strié de babelés auxquels sont attachées des clochettes, qui servent à signaler la présence des grimpeurs au tireur aveugle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’aventure ésotérique, plurielle et délirante se poursuit pour les jeunes héros de Seuls, piégés dans leur univers post-mortel truffé de complots et de détours fantastiques. Ce tome 12 revient alternativement sur les différents héros en proie avec leurs problématiques tendues. Ainsi au point où nous en étions resté, Terry se dirige vers Neosalem (croit-il) en compagnie du maître des couteaux ; Yvan a quitté le petit port breton et les zombies à bord d‘un bus impérial, en compagnie de Jonathan et Lex ; Dodji marine toujours dans un cachot obscur du maître-fou, en discutant avec son voisin de cellule. Mais nous suivons surtout Leïla, très largement sur le devant de la scène, qui doit s’affranchir de diverses épreuves cruelles organisées par Saul. Cette succession de « jeux » retransmis sur la TV locale n’a pour but que de faire-valoir Saul, nouvel Imperator des lieux et ses pouvoirs télékinésiques… mais aussi de martyriser Leïla, son ennemie. Le scénariste Fabien Vehlmann lui a notamment concocté deux épreuves jouissives de cruauté et à hauteur d’adolescent (le colin-mitraille et le Baby-Derby !). Mais il n’y a pas que l’action pur jus au menu. Vehlmann commence aussi à recentrer tous les fils de son intrigue de fou – particulièrement disséminés et distendus au cours des derniers opus. Les entités antagonistes révèlent leurs failles, la métaphysique qui régit cet univers post-mortem commence à se baliser de réponses potentielles… et d’espoir ? Cet alliage d’action et de mystères ésotériques se révèle une nouvelle fois diablement rythmé et magistralement mis en scène par Bruno Gazzoti. La fin de cycle se profile, sans doute au cours du tome 13 à venir, Les âmes tigrées.