L'histoire :
Octobre 2009, Washington DC. Des braqueurs sortent d’une banque avec des sacoches pleines de dollars, sous une pluie de balles des policiers. L’un des malfrats trouve une voie de sortie potentielle dans une bouche d’égout. Son sprint à travers le dédale sous-terrain est alors stoppé net par trois mystérieux égoutiers qui l’abattent froidement. Ils prennent eux aussi la poudre d’escampette, dérangés dans leur tentative de déverser du cyanure dans le circuit d’alimentation en eau de la Maison Blanche ! En effet, depuis qu’il a été élu président des USA, Barack Obama détient le record de menaces et de tentatives d’assassinat. Et sa couleur de peau n’est sans doute pas étrangère à cette situation de tension permanente. Consciente qu’en dépit d’une vigilance maximale de tous les services de l’état, le risque zéro n’existe pas, la première dame, Michelle Obama, renforce personnellement elle aussi la sécurité de son époux. Elle profite d’un séjour à Atlanta, capitale de la ségrégation et du Ku Klux Klan, pour une remise de prix à l’écrivaine noire Maya Angelou, pour embaucher discrètement Steve et Angela, un couple d’activistes qui a voué sa vie à lutte contre le Klan. Les deux agents seront infiltrés au sein du staff de protection rapproché. Et ils auront du pain sur la planche, car une coalition réunissant anticastristes, mafieux, néonazis et islamistes fomentent un savant plan d’assassinat, en recrutant de force un « Lee Harvey Oswald » quasi indétectable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En tant que spécialiste français du Ku Klux Klan, le professeur et écrivain Roger Martin ne pouvait passer à côté d’une intrigue mettant en scène Barack Obama, premier président noir des USA, pour sa série BD Amerikkka. Ce septième tome s’éloigne donc un chouya de la traditionnelle lutte anti-Klan menée par le couple de héros activistes, le temps de servir la protection rapprochée du Président. Le cadre de l’intrigue demeure néanmoins partiellement le sud ouest du territoire états-unien, où sévit le Klan (Atlanta, puis La Nouvelle Orléans), en passant par les geôles de Guantanamo et la Maison Blanche. La grande plus-value de l’opus est de mettre en scène des personnalités authentiques, au sommet de notre actualité (le couple présidentiel américain) : l’intrigue y gagne en crédibilité. En outre, Obama étant réellement le président américain le plus menacé de mort, les mentalités xénophobes sous-jacentes sont également on ne peut plus prises au sérieux. La conspiration d’assassinat s’appuie quant à elle sur le ressort quasi obligé du pion instrumentalisé, un procédé incarné pour la postérité par le mythique Lee Harvey Oswald. Sur sa griffe semi-réaliste très personnelle, Nicolas Otéro déroule une partition efficace, bien qu’un tantinet trop cadré sur les personnages. Brassant tous ces éléments en un tout cohérent et prenant, la narration correctement rythmée inscrit l’épisode parmi les meilleurs de la série.