L'histoire :
En mai 2013, Angela n’est plus très loin du terme de sa grossesse, lorsqu’elle s’aperçoit que son compagnon Steve est de nouveau très engagé sur un front de lutte contre le Ku Klux Klan. Elle espérait avoir son homme à ses côtés pour accueillir sa petite Rosa… mais Steve est plus ou moins obligé de reprendre un rôle dangereux d’agent infiltré au sein d’un groupe de Hell’s Angels (des motards). Sur fond d’ultra-racisme nationaliste, ce gang californien prospère en effet à partir du trafic de drogue et trafic… d’enfants, en lien avec le crime organisé, un sénateur véreux et l’industrie du porno. Pour incarner son rôle et limiter les risques d’éventer sa couverture, Steve ne laisse rien au hasard. Il apprend en détail le fonctionnement des réseaux, les relations entre les groupes radicaux, leur vocabulaire, leurs points du chute… Il s’entraine même à conduire une Harley Davidson et se fait tatouer des symboles néonazis (à durée limitée) sur les avant-bras. Ne reste plus qu’à s’imposer d’emblée auprès des leaders comme recrue de premier choix. Un faux guet-apens est donc organisé, durant lequel Steve sauve les chefs bikers et flingue les flics (pour de faux, avec du ketchup qui gicle). Le voilà adoubé au sein des bandits…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour le neuvième opus de cette série semi-documentaire sur le KKK, le héros Steve fait cavalier seul, étant donné que sa comparse et conjointe Angela est enceinte. Sa mission d’infiltration à hauts risques vise alors un groupe de Hell’s Angels californien, auprès desquels il passera la quasi-totalité de l’aventure. Côté fiction, le lecteur frissonne régulièrement de le voir se trahir, tout en découvrant un pan bien authentique de ces milieux où s’entremêlent pratiques mafieuses, narcotrafic, pornographie, collusions politiques et racisme abêtissant. Un cocktail bien écœurant et ultra violent… que le scénariste Roger Martin tente de nous faire partager. Ce spécialiste du Klan est certes une nouvelle fois très pointu sur son sujet (jusqu’à établir une carte de la généalogie, des effectifs et des relations entre les différents groupe d’activistes, p.10), mais nettement moins sur le plan de l’art séquentiel. En effet, le récit n’est pas toujours fluide, les intentions, dialogues, tenants et aboutissants des protagonistes sont régulièrement nébuleux. Heureusement, on finit toujours par comprendre la trame globale, qui se laisse apprécier dans la lignée des précédents volets. Le dessinateur Nicolas Otéro déroule quant à lui la griffe artistique qui n’appartient qu’à lui, au sein d’une continuité graphique régulière et détaillée, entrecoupée de nombreux phylactères. Les traits de ses personnages portent en effet des stigmates qui le distinguent clairement de tous les autres.