L'histoire :
Secoué par des guerres intestines, le début de règne de Tengiz s’est avéré difficile. Si le roi poète est désormais le maître des trois contrées – et sa moitié enceinte, attend un héritier –, son pouvoir reste fragile. Le noir Turghul complote en secret, espérant le juste moment pour se rebeller. Un soir, au moyen d’une incantation, les mages au service de ce dernier parviennent à ôter au souverain sa légitimité. Au matin à son réveil, son kukri – symbole de l’autorité transmise par ses aïeux – a disparu. Tengiz fait appeler Balkhan. Le tout puissant shaman saura quoi faire. Alors que le vieux sage rassure son roi sur son destin, la fidèle Mariushka se présente à eux. La guerrière, rentrée tout juste de mission, est venue demander la permission de finir le travail. Il faut éliminer la menace que représente le félon Dariush ! Tengiz y consent. Et sans attendre, par enchantement – au sens premier du terme –, l’assassin pénètre la citadelle (anciennement propriété de Kirkouk, feu le frère du roi) et empale son ennemi, trouvé démuni au lit. L’alerte est donnée mais trop tard. Seulement, l’agression est trop grave pour rester impunie. Saisissant l’occasion, Turghul convoque son conseil de guerre. Les hostilités sont relancées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Confessons-le, attendu, ce troisième volet de la trilogie épique et fantastique Tengiz déçoit (pour partie). De bonne facture dans l’ensemble tant narrative que graphique, la série n’a au final jamais « pénétré » – au sens d’éveiller un intérêt prononcé – son lecteur. La mort du roi annoncée s’inscrit dans le droit fil de ses devanciers, regorgeant de promesses sans vraiment les concrétiser. Le récit manque en définitive de profondeur. Non qu’il soit banal mais lorsque l’on referme l’album, le sentiment d’attachement est absent. Les personnages (nombreux !) passent trop vite – à l’exception du mage Balkhan qui semble incarner et tirer les fils du destin. Les événements s’enchaînent sur un rythme soutenu. Peut-être le ton narratif adopté participe-t-il aussi de cette impression d’extériorité, de « survol » en un sens. L’intrigue rebondit sans cesse et diversement, retenant l’attention de son lecteur, mais jamais ne prend le temps de s’arrêter vraiment et de creuser une situation, un caractère. Côté dessin, le trait d’Aurélien Morinière continue de plaire. Toujours si scrupuleux et racé, l’artiste semble néanmoins n’avoir jamais trouvé la juste coloration. Très travaillée, la mise en couleur – qui a progressé sur les différents tomes – offre une densité remarquable mais, presque trop appuyée, trop fondue – l’auteur est contraint de surligner les contours des formes (à noter l’absence quasi-complète des blancs et noirs traditionnels qui permettent une respiration de l’image). Etonnamment, elle ne convainc pas totalement non plus. Sans démérité, la mayonnaise n’a qu'en partie pris. Le souffle est un peu court, le jugement réservé. Et Tarek de conclure par une pirouette : « Mais ceci est une autre histoire »...