L'histoire :
En 1220, un berger des Pyrénées est réveillé en pleine nuit par le bêlement de son troupeau. Il sort de son cabanon et assiste à un spectacle apocalyptique : un astronef géant passe juste au-dessus de sa tête et s’écrase contre la paroi montagneuse la plus proche, dans un fracas digne d’un gros séisme. A peine a-t-il le temps de faire une prière, que le berger est aussitôt attaqué par un monstre répugnant. Dans les jours qui suivent, deux jeunes chevaliers arrivent au camp de Messire Montfort, un seigneur qui assiège depuis des semaines la cité de Castelnaudary, en proie aux hérétiques. Comme l’exige leur lignée – plus que la piètre notoriété de leurs familles – Thibaut et Hugues viennent se battre pour la gloire de Dieu. Montfort les accueille avec agacement. Il n’a que faire de ces novices trop ambitieux et trop enthousiastes, précédés d’une triste réputation. Le comte Henri est en effet arrivé une semaine avant eux, pour les ramener à leurs mères. Mais Thibaut et Hugues sont obstinés : ils ont prêté serment à Dieu et veulent éradiquer la tumeur cathare. Montfort a alors l’idée de les éloigner, en les envoyant au fin fond d’une vallée, pour une quête fictive qui devrait durer une quarantaine de jours. Il confie le commandement de cette quête à Raymond, un chevalier soudard et ivrogne, au cuir endurci, direction le village de Montaillou, soi-disant peuplé d’infidèles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteurs sont anglo-saxons (canadien et américain), mais le mode de narration, le format des planches, de la reliure finale (cartonnée, format BD) et l’éditeur sont franco-belges. Nous ne classerons donc pas ce Lac de feu parmi les comics. Dans le premier tome de cette trilogie en devenir, le scénario de Nathan Fairbairn nous confronte rapidement à une alliance originale de deux genres bien identifiés : l’aventure médiévale et la science-fiction ! Si on détaille attentivement la couverture, elle est explicite : les héros sont en effet des chevaliers croisés – relativement inaptes et désunis – qui partent en terre cathare chasser les hérétiques… mais qui tombent nez à nez avec des aliens de type insectoïdes géants et carnivores ! Hardis, messeigneurs, il va falloir jouer d’estoc et de taille ! Cet épisode de présentation met habilement en place l’ambiance et la problématique. Les bébêtes n’apparaissent que vers la fin, laissant la majorité de l’album plomber l’ambiance de l’époque dominée par la redoutable inquisition. Autre originalité : les protagonistes principaux pâtissent tous au départ d’une triste réputation… qu’ils vont forcément s’évertuer à redorer au gré des périls encourus. Rythmé, immersif, emmené par le dessin semi-réaliste parfaitement maîtrisé et régulier de Matt Smith, cette mise en bouche est tout à fait plaisante. Cerise sur le gâteau, le tome 2 sort en même temps que le 1 ! Vite, on repart à la chasse aux cathares et aux aliens…
