L'histoire :
Ayant eu vent d’une embuscade tragique, Mayome Banerjee, journaliste dans un grand quotidien de New Delhi, a rejoint un groupe de combattants dans la province de Samastipur, en Inde. Elle connait bien ces rebelles et elle a toute leur confiance, étant donné qu’elle les a côtoyés de près durant plusieurs semaines… Plus particulièrement, elle s’était attachée à leur chef, Chaabi, qui n’était encore qu’un enfant ! Mais un enfant avec une maturité politique incroyable et un charisme inégalé, en raison de sa faculté à parler le langage du cœur. Hélas, sur place, elle apprend que Chaabi a été tué. Elle assiste alors, accablée, à sa crémation publique. Cette nouvelle est terrible pour elle, car elle sait que l’idéal égalitaire qu’il incarnait ne lui survivra pas. Elle entreprend alors une série d’entretiens auprès de ses rebelles, dans le but de publier un dossier complet sur la genèse de cette révolution spontanée d’indigents. On lui raconte comment Chaabi, après s’être échappé d’une mine de souffre en compagnie d’une poignée d’autres enfants, avait parcouru la montagne des semaines durant. Fatigués, affamés, ils avaient fini par rencontrer une troupe de brigands. Avec un aplomb incroyable, Chaabi les avait convaincus de se rallier à sa cause à l’aide d’une idée toute simple et très populaire : ne piller que les riches malhonnêtes pour redistribuer aux pauvres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le principe narratif est le même, dans ce second volet, que pour le premier : arrivée après une funeste embuscade, notre journaliste Mayome rassemble les témoignages-souvenirs sur la révolte menée par le jeune Chaabi, en autant de flashbacks constituant le cœur du récit. Reprenant où il en était resté (Chaabi s’évadant de la mine de souffre), le scénariste Richard Marazano s’emploie d’emblée à éclairer ce que tous les lecteurs attendaient impatiemment. A savoir, comment ce simple gamin issu des bidonvilles est-il devenu un tel leader charismatique, limite messianique ? La démonstration est cohérente, à défaut d’être réaliste. Car au-delà de sa maturité politique innée ou de son aptitude à capter l’attention d’un auditoire, il parait hénaurme qu’un gamin d’une dizaine d’année, sans éducation, puisse faire montre d’une telle aisance verbale. Peu importe, il s’agit avant tout d’une parabole socio-politique, une déclinaison du mythe de Robin des bois à la sauce indienne. En ce sens, Marazano montre une nouvelle fois l’étendu (et la variété) de son talent. Au dessin, Xavier Delaporte, réitère le joli style réaliste mis en place au premier tome… peut-être avec un léger relâchement au niveau de la finition des encrages. De même (titillons un peu), les personnages empruntent souvent des expressions et postures excessives par rapport à leurs paroles, ajoutant une emphase peu naturelle, comme s’ils sur-jouaient leur rôle. Le tout est toutefois très avantageusement mis en couleur par Isabelle Cochet. A suivre dans un troisième (et dernier ?) volet…